Après l’immersion tripartite ONU -CEDEAO -UA du 4 au 6 octobre, bouclée sur un constat d’échec, une nouvelle mission ministérielle de la CEDEAO a atterri à Abidjan, ce 18 octobre 2020.
L’ institution communautaire sous régionale, au regard des risques de tensions perceptibles à travers un rapport confidentiel, réactive contre vents et marées le Protocole de la CEDEAO relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Le tout couplé au Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance.
Cette mission ministérielle, selon ses termes de référence, s’effectue de nouveau dans le cadre de la diplomatie préventive visant à contribuer à la poursuite normale du processus électoral et à la tenue de l’élection présidentielle dans une atmosphère apaisée. La mission est dirigée par le Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO, en la personne de Shirley Ayorkor Botchwey, Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration Régionale du Ghana, assistée des Ministres des Affaires étrangères du Sénégal et du Togo, ainsi que du Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de la CEDEAO, le général Behanzin.
Selon nos sources, la délégation ministérielle de la CEDEAO, outre la mission d’évaluation sécuritaire et du climat de paix, devrait rencontrer les candidats retenus à l’élection présidentielle puis les principaux acteurs politiques de la scène ivoirienne. La mission aura des séances de travail avec les autorités ivoiriennes tout comme avec le Groupe des ambassadeurs des Pays membres permanents du Conseil de Sécurité et du groupe des ambassadeurs de l’Union européenne et de l’Union africaine.
Cette mission s’annonce périlleuse vue les positions diamétralement opposées quant à la tenue d’une élection dans un climat apaisé. Des scènes de violence sont notamment signalées dans la ville de Boungouanou où la résidence de l’ex Premier ministre, Pascal Affi Nguessan, leader et candidat du Front populaire ivoirien (FPI), a été incendiée samedi 17 octobre.
La tension est montée d’un cran ces derniers jours. Des agents électoraux se seraient vus déposséder de leurs matériels par des partisans de l’opposition exécutant le mot d’ordre de la désobéissance civile lancé par les leaders de l’opposition.
Selon les sources de Financial Afrik, au regard de cette situation de perturbation de la distribution des cartes d’electeurs dans les régions, le pouvoir envisage de réquisitionner les postes de Gendarmerie pour les transformer en centre de distribution des cartes d’électeurs. «Une alternative qui ne cadre avec aucune norme nationale et internationale compte tenu du statut apolitique de l’armée qui ne saurait se substituer en agent électoral », fulmine un opposant.
Depuis l’annonce de la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, le 6 août dernier,la Côte d’Ivoire est plongée dans une crise pré-electorale qui ne dit pas son nom. Le pays déplore une trentaine de perte en vies humaines, des centaines de citoyens sont sont detenus dans les prisons. Loin de céder, le pouvoir maintient les présidentielles pour le 31 octobre prochain.
Par la voix de l’ancien président ivoirien, Henri konan Bedié, patron du PDCI, l’opposition a saisi le secrétaire Général de l’ONU, déclarant ne pas se sentir concerné par le processus électoral en cours. Seul hic, et Bedié et Afi Nguessan, partisans du boycott actif du scrutin, ont maintenu leurs candidatures. En voulant jouer sur les deux tableaux, la participation et le boycott, les deux ténors ne risquent-ils pas de brouiller les cartes ? Wait and see.