Le groupe Duval, à travers Finafrica, entité qui regroupe ses participations en Afrique, est en passe de se faire exclure de la Banque de Développement des Comores (BDC) pour « promesses non tenues » ainsi que le rapporte nos confrères Al Watan. Une assemblée générale tenue le 22 septembre a acté la sortie du groupe Duval lequel aurait accepté le principe.
Cette décision extrême fait suite aux nombreuses relances du régulateur restées sans effet, expliquant le placement de la banque sous administration provisoire en mai 2020 pour 6 mois. Lors de sa demande d’agrément obtenue en octobre 2018, le groupe Duval s’était engagé sur un programme de financement de 7 millions d’euros dont 2 millions sous forme d’investissements. Le Groupe français niera mordicus s’être engagé sur l’ouverture d’un compte associé à hauteur de 7 millions d’euros, rémunéré à 3%. D’où l’irritation du régulateur comorien.
Ce couac du groupe Duval aux Comores pousse les observateurs à s’interroger sur les circonstances qui lui ont permis d’acquérir la BDC. Pour sûr, Pierre Carpentier, actuel directeur général de Finafrica, à l’époque Directeur général adjoint du fonds I&P, en charge des investissements et, à ce titre, administrateur de la Banque de Développement des Comores, aura joué un rôle moteur dans la cession des parts de I&P au groupe Duval. Dans quelles conditions a-t-il viré de bord pour se retrouver directeur chez Duval? Le fonds I&P était entré dans le capital de la banque en 2014 à travers Investisseurs et Partenaires Afrique Entreprises (IPAE), rejoignant ainsi la Banque Européenne d’Investissement (BEI) en cours de retrait et l’Agence Française de Développement.
La prise de contrôle accordée au groupe de Duval souffrait apparemment d’un manque de due diligence, l’Etat comorien laissant au fonds I&P le soin de revaloriser la banque, à son profit de cédant, serait-on tenté de dire. L’Etat comorien qui a déroulé le tapis rouge au groupe Duval n’a pas lésiné sur les moyens, lui cédant un terrain valeureux abritant la préfecture historique, et consentant à une augmentation de capital, presque sans contrepartie, qui a vu le groupe Duval prendre le contrôle de la banque en mai 2019.
La BDC est détenue par le groupe Duval (51%), l’Etat comorien à 36,75% et la Banque Européenne d’Investissement, (la BEI, à 12,25%) dont les parts sont en cours de reprise par l’Etat comorien. Au final, la perte de temps dans cette reprise avortée est dommageable pour tous. En ce qui le concerne, le groupe Duval n’est pas à sa première acquisition manquée en Afrique. Si pour Salama Assurances du Sénégal, reprise par Duval depuis un engagement de janvier 2020, “les fonds ont été bel et bien libérés et l’augmentation de capital actée”, ainsi que nous le répond Pierre Carpentier, nous renvoyant au greffe du Sénégal, en Côte d’Ivoire par contre, trois affaires embrassent le groupe. Cas de la compagnie non vie Atlas Assurances, qui recherchait aussi un repreneur pour satisfaire aux nouvelles exigences de capital minimum édictées par le régulateur du marché des assurances de la zone CIMA. Les fiançailles avec Duval ont duré plus d’un an et n’ont rien donné. Là aussi, perte de temps, dommageable pour Atlas Assurance qui n’a plus beaucoup de temps pou trouver un repreneur.
Duval semble, au fil des échecs dans l’assurance (des fiançailles éphémères avec la sénégalaise Sonam sont tombées à l’eau), s’être « spécialisé » dans la reprise des structures de microfinance, un secteur moins exigeant du point de vue capitalistique. Mais là aussi, les projets d’acquisition de la micofinance ADEC ou encore de Afrique Emergence en Côte d’Ivoire ont fini en queue de poisson. Selon nos informations, Finadev Bénin va finir par tomber dans les mêmes écueils que les sociétés citées ci-haut.
En avril dernier, le groupe a pris le contrôle, via sa holding Finafrica, du Fonds Cameroun d’Epargne pour le Progrès(FOCEP), une société locale de microfinance de deuxième catégorie. Un engagement qui vient s’ajouter, soit dit en passant, à un accord de développement immobilier au sein du complexe industrialo-portuaire de Kribi décroché en novembre 2019. En juillet de cette année, Duval a annoncé la reprise de l’entreprise de microfinance Crédit Solidaire (Groupe Chaka Computer), propriété de l’homme d’affaires sénégalais Meissa Ngom. Revendiquant une présence au Maroc, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Ghana, au Bénin, au Togo, au Gabon, en République du Congo, au Tchad et au Cameroun, le groupe Duval finira -t-il par concrétiser une grosse transaction dans la finance, loin de son domaine de prédilection, qui reste la promotion immobilière ?
Un commentaire
Bonjour Mr Wade
Un an après. Où en est le Groupe Duval qur la question de ses investissements en Afrique et particulièrement au Sénégal.
Merci