Le sang des éthiopiens n’a fait qu’un tour , le 24 octobre 2020, en entendant le président américain, Donald Trump, affirmer que l’Egypte doit bombarder le barrage de la renaissance. « »Ils (les Egyptiens) finiront par faire sauter le barrage. Je le dis haut et fort: ils feront sauter ce barrage. Ils doivent faire quelque chose », a dit le président américain.
La tentative de Washington de faire office de médiateur dans ce dossier a échoué cette année après que l’Ethiopie a accusé M. Trump, proche du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, de favoriser l’Egypte. Depuis, Washington poursuit à faire pression sur Addis Abeba, suspendant une partie de son aide. L’annonce du retrait du Soudan, autre partie intéressée aux négociations sur les eaux du Nil, de la liste américaine des pays sponsors du terrorisme, rentre dans la vision américaine de la région.
Le grand barrage de la Renaissance, actuellement en cours de finalisation, sera construit sur le Nil. Plus tôt samedi, le bureau du Premier ministre Abiy Ahmed avait publié un communiqué défendant le barrage, appelé à devenir le plus grand d’Afrique, soulignant que l’Ethiopie était investie dans les négociations menées sous la médiation de l’Union africaine, qui faisaient « des progrès significatifs ».
L’Egypte, dépendante des eaux du Nil pour environ 97% de son irrigation et de son eau potable, considère le barrage comme une menace « existentielle ».
Suite aux propos du président américain, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Gedu Andargachew, a convoqué l’ambassadeur américain Michael Raynor, demandant à ce dernier de clarifier les propos de M. Trump sur ce sujet épidermique entre l’Ethiopie et ses voisins d’Egypte et du Soudan, situés en aval du barrage. « L’incitation à la guerre entre l’Ethiopie et l’Egypte par un président américain en exercice ne reflète ni le partenariat de long terme et l’alliance stratégique entre l’Ethiopie et les Etats-Unis, ni n’est acceptable au regard des lois internationales relatives aux relations entre Etats, » a déclaré M. Gedu dans un communiqué, après sa rencontre avec le diplomate.