Il y a 45 ans, le 6 novembre 1975, 350 000 marocains, avançant dans le désert, front au sud, le coran à la main, ont fait des centaines et des centaines de kilomètres par camions, par cars, mais aussi à pied, pour récupérer le Rio de Oro (rivière en or), ce territoire colonisé depuis 1884, que l’Espagne de Franco entendait restituer mais par morceaux et selon son agenda. La marée humaine a pris de court le Général espagnol, mis devant le fait accompli.
Le Maroc qui était colonisé par la France et l’Espagne a connu une indépendance par étape. Avec la France, le territoire sous protectorat a été récupéré en 1956. Avec l’Espagne, la récupération a été faite par étapes successives : le nord en 1956, Tanger en avril 1956, Tan Tan et Tarfaya en 1958, Sidi Ifni en 1969 et le Sahara en 1975, après la Marche verte.
Face aux civils marocains, le général espagnol n’ordonnera pas de tirer. L’épreuve de force n’aura pas lieu. Le Sahara Occidental passera sous administration marocaine avec l’accord de Madrid du 14 novembre 1975 entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie. Des chroniqueurs de l’époque s’étonnèrent de l’absence de l’Algérie dudit accord qui lui prive du coup d’une potentielle ouverture vers l’Atlantique.
Convoqué par Alger, le président mauritanien de l’époque, Mokhtar Ould Daddah se verra accusé d’un alignement sur les positions marocaines. Il sera renversé le 10 juillet 1978 par une junte qui s’empressera de signer un accord avec le Polisario et le gouvernement algérien qui le poussent à renoncer à la région de Dakhla qui lui était revenu selon les accords de Madrid et, depuis, à observer une « neutralité positive » plus ou moins mouvante sur la question.
Alger qui estimait que l’accord avait été fait sur son dos mettra sa diplomatie à contribution pour dénoncer «les complots fomentés contre le peuple sahraoui, alors que les Nations Unies et leurs organismes compétents ont proclamé la souveraineté de ce peuple sur son territoire»…Pour justifier sa démarche, Hassan II s’était appuyé sur un arrêt de la Cour internationale de Justice de La Haye appelée à trancher l’avenir de l’ex-colonie espagnole. Si cette dernière reconnaît des liens entre le Maroc et le territoire abandonné par l’Espagne, elle «affirme cependant que le droit à l’autodétermination doit prévaloir», rappelle Jeune Afrique.
Plus de 45 ans après cette opération et alors que le drapeau du Maroc flotte de Laayoune à Dakhla, l’ONU n’arrive toujours pas à une solution définitive comme le montre le blocage spectaculaire, ces dernières semaines, du no man land entre le Maroc et la Mauritanie, par des groupuscules se réclamant du Polisaro au nez et à la barbe de la Minurso, et estimant que la communauté internationale, a oublié leur cause.
En effet, le mouvement Polisario, qui a prospéré durant la guerre froide, a perdu la plupart de ses soutiens de l’Afrique Australe à l’Amérique Latine. Le retour surprise du Maroc au sein de l’Union Africaine a anéanti les dernières bases d’un mouvement qui n’en reste pas moins, bien soutenu par Alger. Ces derniers jours, plusieurs pays africains et arabes ont ouvert des consulats généraux dans les villes de Laâyoune et de Dakhla, comme l’a rappelé le Roi Mohammed VI dans son discours du 7 novembre 2020 en commémoration des 45 ans de la marche verte. « À cet égard, Nous réitérons notre rejet catégorique des agissements inacceptables par lesquels on cherche à entraver la fluidité du trafic entre le Maroc et la Mauritanie, à altérer le statut juridique et historique qui prévaut à l’est du mur de sécurité ou encore à se livrer à une exploitation illégitime des ressources de la région », a déclaré le souverain.
Le Port de Dakhla, futur relais du Port de Tanger Med
Le royaume qui a procédé dernièrement à la délimitation de l’espace maritime située face au Sahara, veut en faire « une interface maritime d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international », comme a dit le souverain lors de son intervention. « De fait, d’ores et déjà Tanger-Med est reconnu comme le premier port en Afrique ; le port Dakhla Atlantique contribuera à consacrer cette tendance » a déclaré Mohammed VI. « Nous continuerons à œuvrer pour le développement d’une véritable économie maritime dans ces territoires que Nous chérissons tant. Cette zone qui abonde en ressources et en potentialités, sur terre comme en mer, servira ainsi de passerelle et de trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine », a encore déclaré le souverain.
Reste à trouver une solution avec l’Algérie, voisin immédiat du Maroc, sur sa bordure Est, qui a dénoncé, dimanche 1er novembre, l’ouverture par les Emirats arabes unis d’un consulat dans la ville de Laâyoune. « Au vu du droit international, la République sahraouie est membre de l’Union africaine et a la pleine souveraineté sur ses territoires », a réagi le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum. Et de protester encore: «l’Algérie a sa politique, elle n’insulte pas, n’invective pas. Elle va de l’avant, sans se soucier des autres. Nous avons nos principes et nous ne les abandonnerons pas. Nous n’avons peur de personne». Pour sûr, entre Alger et Rabat, l’on est encore loin de la concordance des vues.
Un commentaire
Je n’ai absolument pas compris la réaction de Mr Sabri Boukadoum, lorsqu’il a dit que l »Algérie n’insulte pas, n’invective pas !!!??? Il rajoute, nous n’avons peur de personne !!!??? c’est le genie de la diplomatie Algérienne !!