Par Ousmane Dieng*
Après avoir détruit des millions d’emplois à travers le monde, contribué à faire partir le 45ème Président de la plus grande puissance économique et militaire (USA), le « chinese virus » (autant pour moi) la Covid-19 semble épargner l’Afrique au plan sanitaire au moment où l’Europe est re-confinée en attente d’un vaccin efficace contre ce virus.
Une seule certitude demeure, la pandémie de Covid-19 aura des conséquences économiques et sociales difficiles sur fond de tensions politico-économiques et religieuses exacerbées par les discours haineux et communautaires au nom de la liberté d’expression. Ce principe donne-t-il le droit à l’injure d’une communauté différente de la sienne ?
La liberté procure-t-elle le droit de combattre sans fondement raisonnable le modèle social et démocratique différent du sien en vertu du principe d’unicité de système de valeur et de croyance ? Apprenons à accepter nos différences et à en faire une source d’inspiration, de respect mutuel et de collaboration fructueuse. Personnellement, je suis musulman, fils de musulmans avec certainement des aïeux non musulmans. Je crois en un Dieu unique en vertu de la liberté de croyance et de convictions personnelles. Pour autant, devrais-je mépriser l’autre ou bien, être stigmatisé au regard de la religion ? Musulman ou pas, tout excès est nuisible.
Pendant ce temps, la Covid-19 accélère la cadence de l’agenda des transitions démocratiques dans le monde et oblige les populations à agir face à l’instinct de survie et de liberté au prix des traversées de l’océan dans une course périlleuse de Vendée Globe macabre de milliers de jeunes africains. Cette triste réalité contraste avec celle de l’époque de la traversée forcée des océans infligée aux esclaves au départ des côtes de l’Afrique de l’Ouest à une exception près : jadis, la jeunesse du continent noir était accueillie pour sa force de travail bon marché mais en ces temps de crises, on n’en veut plus pour des raisons liées à l’immigration clandestine, à l’insuffisance de l’offre de travail et à d’autres raisons sociologiques.
Quel paradoxe !
Nos «parents, frères et sœurs» déportés de force en Amérique, dans les Caraïbes, en Europe et ailleurs en Afrique, dans certains cas, avec la complicité des peuples autochtones, les descendants d’esclaves que nous pouvons qualifier de nos jours de personnes libres tout de même encore confrontés à un système racial, sont-ils plus épanouies que ceux restés en Afrique mais pris dans le piège de crises identitaires, politiques, religieuses et communautaires ? En d’autres termes, avons-nous les mêmes opportunités d’entreprendre, de créer des emplois, de mobiliser des financements, de mener des politiques économiques et sociales en toute liberté pour garantir l’équité sociale et la récompense à sa juste valeur, la contrepartie de l’effort fourni dans le travail ? À mon avis, nous sommes encore loin du compte.
L’onde de choc de la transition démocratique aux USA
La pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques et sociales a été un facteur déterminant de l’élection du ticket présidentiel (Joe Biden et Kamala Harris) aux dépends de Donald Trump mais également de la volonté du peuple américain à s’opposer aux dérives des idéaux populistes, identitaires et ségrégationnistes. L’onde de choc de la transition démocratique en cours aux États Unis d’Amérique (USA) se propagera certainement en France, fort de son modèle social, en Afrique Subsaharienne en dépit des acrobaties électorales récurrentes, et en Afrique du Nord avec son lot de déception après l’espoir suscité par les Printemps Arabes.
Ce processus irréversible, exacerbé par les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 nous oblige à faire preuve de lucidité dans la difficulté et le respect du calendrier républicain de nos États face à l’aspiration des peuples souverains. Toute transition en dehors du cadre légal et démocratique ne fera qu’empirer la situation de nos États faibles ou affaiblis. Aucune coalition de partis politiques aussi large qu’elle puisse être, ou de reconfiguration de l’opposition politique par des jeux d’alliances en perspective de prochaines échéances électorales comme c’est le cas notamment au Sénégal, ne pourrait réduire au strict minimum, l’aspiration de la jeune africaine et d’ailleurs. Ce constat est valable partout en Afrique. Seuls des résultats obtenus au plan économique et social seront pris en considération par le peuple souverain. Certains analystes avaient prédit le chaos en Côte d’Ivoire face à la problématique de troisième mandat électoral à la magistrature suprême. Toutefois, la résilience économique de ce pays pivot de l’Afrique de l’Ouest face à la pandémie de Covid-19 et la maturité du peuple qui a su apprendre des erreurs du passé, a pris le dessus sur toutes velléités d’affrontements à long terme.
La transparence démocratique
Apprenons à cultiver la transparence démocratique en impliquant davantage la presse libre, indépendante et dotée du sens des responsabilités et de l’éthique dans le suivi et le décompte des suffrages du vote populaire dans nos pays à l’image du travail remarquable abattu par le site internet de « The Associated Press » accessible à toute personne intéressée aux résultats en temps et en heure du décompte des voix de l’élection présidentielle du 03 novembre 2020 aux USA. Cette option nous sauvera des crises post électorales et de l’incapacité de l’opposition démocratique généralement mal préparée aux joutes électorales à documenter, preuves à l’appui des cas de fraudes massives au-delà des suspicions lors des scrutins électoraux en Afrique. Au regard des enjeux aussi importants que décisifs à l’échelle d’un pays et du continent, une élection présidentielle se prépare minutieusement avec une stratégie claire et un projet de société pertinent et inclusif. En Afrique, l’époque des opposants historiques et des présidents à vie est révolue.
*A propos de l’auteur
Fondateur du Cabinet de conseil Ingenious Partners Consulting spécialisé dans la stratégie, le Conseil Financier, l’entreprenariat, l’organisation, l’optimisation des performances, le contrôle et l’économie, Ousmane Dieng compte à son actif une expérience professionnelle de 18 années dans le conseil et l’audit.