Y aurait-il une corrélation entre critiquer la France et voir sa monnaie dégringoler ? Le président turc Recep Tayyip Erdogan constate les dégâts de cette improbable corrélation qui vient s’ajouter, qui plus est, à une inflation de 12%.
Les désengagements massifs des investisseurs étrangers sur la Livre turque ont entrainé celle-ci au plus bas. Craignant un complot ourdi de l’étranger et appuyé par une imaginaire cinquième colonne, le président turc a limogé samedi le gouverneur de la banque centrale Murat Uysal, un technocrate qui refusait de suivre la directive présidentielle de baisser les taux d’intérêt.
La décision a été annoncée par décret publié au Journal officiel. Murat Uysal est remplacé par l’ancien ministre des Finances Naci Agbal, réputé fidèle parmi fidèles.
Ce limogeage du gouverneur de la banque centrale est le quatrième en cinq ans et devrait nourrir les critiques de longue date dénonçant l’ingérence du pouvoir politique dans la gestion de la politique monétaire du pays.
La livre turque a clôturé vendredi à 8,5445 pour un dollar après avoir touché un point bas record de 8,58. Elle a plongé de 30% depuis le début de l’année, de 10% au cours des deux dernières semaines.
Recep Tayyip Erdogan ne cesse de réclamer l’abaissement des taux d’intérêt. Le week-end dernier, il a affirmé que la Turquie livrait une guerre économique contre ceux qui tentent de l’enfermer « dans le triangle diabolique des taux d’intérêt, des taux de change et de l’inflation ».