Alors que les nigériens étaient focalisés sur l’arrêté de la Cour Constitutionnelle fixant à 30 la liste des candidats admis à participer aux présidentielles du 27 décembre prochain, spéculant sur le coup de tonnerre de l’invalidation du dossier de Hama Amadou, qui figure parmi les 11 recalés, voilà qu’une étrange directive est annoncée pour entrer en vigueur à partir du 20 novembre prochain.
Prétextant la lutte contre le Covid-19, le gouvernement durcit les mesures aéroportuaires avec des conditions contraignantes pour les voyageurs. Ceux-ci devront, même munis d’un test négatif au coronavirus, remettre leur passeport à leur arrivée aux aéroports de Niamey, Zinder ou Agadez et s’autoconfiner à leurs frais pendant 7 jours avec l’obligation de se présenter avec un nouveau test négatif. L’on veut empêcher aux candidats de faire campagne que l’on ne s’y prendrait pas autrement. La directive anti-Covid ne concerne pas, étrangement serait-on tenté de dire, le transport terrestre.
Les conditions sécuritaires étant fragiles sur les longues distances fait que les adversaires du candidat au pouvoir, Mohamed Bazoum, -lequel a beaucoup d’avances au compteur pour avoir mené une tournée quasi-électorale il y a un mois -, redoutant le syndrome Soumaïla Cissé, se gardent bien de se hasarder à prendre la route.
Face à cette étrange directive, d’aucuns se demandent si le président Muhammadou Issoufou, récemment félicité par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, pour avoir respecté sa constitution en résistant aux sirènes du troisième mandat, est prêt à organiser un scrutin libre et transparent au vu de cette énième directive ? La validation des 30 candidats sera en soi un casse tête pour les électeurs qui devront faire leur choix sur un bulletin unique long comme un jour sans pain. Quant à la diaspora nigérienne, privée de vote au contraire de sa consoeur ivoirienne, elle tentera de pèser certainement à travers les réseaux sociaux.