Alors que la Zone de libre-échange continentale de l’Afrique (ZLECA), bien qu’ayant atteint son seuil minium de ratification, peine à sortir de l’ornière (à cause, argue-t-on, du coronavirus) voilà que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle Zélande et les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), en conférence virtuelle, le 15 novembre 2020, lancent la plus grande zone de libre-échange au monde en termes de PIB et de populations, avec 2 milliards d’habitants, soit 30% de la population mondiale.
Point important à signer, le Partenariat régional économique global (RCEP), en négociation depuis dix ans, s’est fait sans les Etats-Unis de Donald Trump. Celui-ci, à peine son serment fait, avait torpillé, en janvier 2017, à grands renforts de slogans, le plus grand projet concurrent au RCEP, à savoir le Traité de libre-échange transpacifique (TPP), promu par son prédécesseur démocrate, Barack Obama, qu’il voulait faire oublier coûte que coûte.
En fait, Donald Trump avait ouvert un boulevard pour la Chine. Alignée sur les USA, l’Inde du premier ministre Narendra Modi, un ultra-nationaliste qui menace la coexistence pacifique entre Hindous et musulmans, s’était retiré du RCEP. Au bout de dix ans de négociations, c’est l’efficacité de la diplomatie chinoise qui s’impose sur l’unilatéralisme américain de ces quatre dernières années et le suivisme de New Delhi.
L’acte de naissance du Partenariat régional économique global (RCEP) va graduellement faire baisser les tarifs douaniers appliqués à la plupart des marchandises échangées dans la région. L’accord englobe la propriété intellectuelle mais exclut la protection des travailleurs et l’environnement, ce qui montre bien son inspiration capitaliste.
L’accord concerne donc les dix Etats de l’Asean – Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei – et la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’Inde pourrait rejoindre l’accord plus tard.