Les entreprises de Côte d’Ivoire ont du mouron à se faire. Pour compenser les effets négatifs de la pandémie du Covid-19 sur les finances publiques en 2020, le gouvernement a choisi d’accroître significativement la pression fiscale sur elles en 2021.
Pour le moins, 2021 ne sera pas un long fleuve tranquille pour le secteur privé ivoirien. En plus de l’environnement sociopolitique objectivement incertain né du scrutin présidentiel d’octobre 2020, les entreprises opérant dans le pays devront faire avec un contexte budgétaire qui s’annonce oppressant ! Et pour cause, comme soutenu par le ministre en charge du Budget, Moussa Sanogo, le 30 septembre 2020, lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2021 en Conseil de ministres, l’objectif premier de la politique budgétaire pour cette nouvelle année est «d’accroître de manière significative le taux de pression fiscale». Et en la matière, l’objectif du gouvernement est de faire passer ce taux de 11,9% du produit intérieur brut (Pib) en 2020 à environ 13% en 2021 -de quoi engranger, en volume, quelque 340 milliards FCFA supplémentaires.
Inflation de mesures fiscales génératrices de recettes pour l’Etat
Matérialisation de cette option -jugée «bienvenue» par le Fonds monétaire international (Fmi) lors de la dernière revue des accords de l’institution avec la Côte d’Ivoire-, le projet d’annexe fiscale à la loi de finances pour la gestion 2021, très chiche en mesures de soutien à l’économie ou aux entreprises, est généreux en mesures de renforcement des recettes fiscales. L’arsenal de dispositions génératrices de gains budgétaires déployé, à cet effet, comprend «institution de nouveaux impôts et taxes, rétablissement de certains impôts anciennement exonérés, hausse des taux de certains autres… », relève la Fédération Nationale des Industries et Services de Côte d’Ivoire (FNISCI) dans une notre à l’attention de ses membres lue par Financial Afrik. Les secteurs principalement visés sont, entre autres, l’agro-industrie, l’industrie cosmétique, l’industrie alimentaire…
Érosion des capacités d’investissement des entreprises en perspective
«La politique budgétaire de l’Etat pour 2021 tend à compenser les effets négatifs de la pandémie de la Covid-19 sur les finances publiques plutôt qu’à stimuler l’investissement et motiver des réponses innovantes aux faiblesses structurelles de l’économie nationale… Le renforcement des charges fiscales supportées par les entreprises qui est la conséquence de cet état est de nature à entraver la relance dynamique envisagée en ce qu’il amoindrit les capacités d’investissement de ces dernières et érode leur compétitivité »,,déplore la FNISCI. Un point de vue que dit « comprendre et partager » l’économiste, Roger Coulibaly justifiant que «toutes les études économiques l’attestent : augmenter les charges fiscales au sortie d’une période de crise n’est jamais la bonne décision».
Il reste que pour l’Administration, «l’année 2021 devant être celle d’une reprise robuste, une politique fiscale axée sur cet objectif général doit donc logiquement viser à améliorer significativement le taux de pression fiscale… » ! Dans le contexte international de nouvelle vague épidémique de la Covid-19, qui charrie pour 2021 -à tout le moins le premier trimestre- de nouveaux risques de restrictions de mobilité de personnes et de circulation de marchandises et de perturbation des chaînes d’approvisionnement internationales, les entreprises industrielles ivoiriennes ont du mouron à se faire avec l’augmentation des charges fiscales qui leur est réservée.