La Banque Centrale de la République Populaire de Chine sera l’une des toutes premières au monde à émettre sa propre Central Bank Digital Currency (CBDC) ou crypto-monnaie de banque centrale. Le projet de loi concernant cette innovation, le Yuan numérique, soumise aux critiques publiques pendant un mois, entre le 23 octobre et le 23 novembre, a pour but de positionner l’Empire du Milieu dans la guerre contre le dollar pour le contrôle de l’internet de l’argent et, au delà, pour être la monnaie des transactions mondiales.
Selon l’article 19 du projet de loi en question, «l’unité du Renminbi est le yuan et l’unité de la monnaie du Renminbi est le jiao et le cent. Le RMB comprend la forme physique et la forme numérique». Plus inquiétant encore envers les acteurs des crypto, l’article 22 lance les bases du monopole d’Etat sur un secteur qui échappe jusque-là aux banques centrales. «Aucune unité ni personne ne peut produire ou vendre des pièces, coupons et jetons numériques pour remplacer le RMB en circulation sur le marché ». Une interprétation large de cet article assorti de sanctions civiles et pénales pour les contrevenants signifierait l’interdiction à terme de toutes les cryptomonnaies en circulation en Chine.
Le président Xi Jinping, concepteur de la route de la soie, a usé de la même stratégie de puissance et de massification pour contrer son rival américain, en rachetant des brevets et droits. Pékin compte plus de 1 100 brevets, Etats et privés réunis, sur la blockchain contre 600 pour Washington. Dans la phase pilote de ce projet, plus de 3,1 millions de transactions ont été réalisés pour une valeur de 1,1 milliards de Yuan, soit 160 millions de dollars. Le projet devrait être opérationnel avant les jeux Olympiques d’hiver de 2022. Si le yuan numérique est officiellement reconnu comme cryptomonnaie officielle chinoise, tout autre stablecoin adossé au yuan sera interdit.