Le Gabon poursuit la modernisation de sa fonction publique avec un projet de décret portant révision des critères d’attribution de primes pour les agents de l’Etat pris lors du conseil des ministres du vendredi 20 novembre dernier. Et du projet de décret instituant une prime à la performance budgétaire. « Il s’agit avant tout de récompenser le mérite », expliquent les ministres de la Fonction publique et porte-parole du gouvernement, Madeleine Berre, celui du Budget et des Comptes publics, Sosthène Ossoungou Ndibangoye, et le ministre délégué à l’Economie, Nicole Roboty-Mbou, lors d’une conférence de presse conjointe.
La situation antérieure comportait des incohérences. « Jusque-là, quelque soit votre mérite réel, vos efforts, vous étiez peu ou prou récompensés de la même manière que celui qui n’en fournissait pas. Il fallait changer cela et mettre en place de nouveaux paramètres de motivations prenant en compte la performance ».
Les mesures soutenues par l’ensemble de l’exécutif, la présidence et le gouvernement, visent à renforcer la performance au sein de l’administration et à garantir une plus grande équité, mais aussi à améliorer la bonne gouvernance. A terme, les fonctionnaires en général et, notamment, les agents des douanes, des impôts, du trésor et des hydrocarbures, verront leurs salaires augmenter. De même, les pré-salaires seront intégrés dans la fonction publique et les Gabonais verront l’argent public mieux utilisé pour financer de meilleurs services publics, construire des infrastructures utiles, explique un parlementaire membre du parti au pouvoir.
Des critères objectifs ont été définis afin d’éviter tout arbitraire dans l’attribution de ces primes et garantir au maximum l’équité. L’assiduité et l’atteinte des objectifs clairement définis à priori font partie de la grille de calcul de la prime.
Désormais, les primes seront davantage calculées sur l’argent récupéré en plus par l’Etat via les amendes récupérées, le contentieux sur recouvrement… et non simplement, comme auparavant, sur ce qui lui était dû à travers le recouvrement des créances déjà budgétisées. Si les réformes sont destinées à mieux servir le contribuable, il n’en reste pas moins que des critiques se font entendre au sein des syndicats qui craignent derrière la révision de la prime une tentative de porter atteinte aux droits de grève et aux acquis sociaux en général.
« ces dispositions ne remettent nullement en cause le droit de grève. C’est un faux débat », rétorque-t-on côté gouvernement. « Bien évidemment, ajoute notre source, « chacun sera libre de l’exercer mais devra en assumer les responsabilités. Seuls les agents non-grévistes qui assurent le service minimum percevront leurs primes en totalité. C’est ce qui se pratique partout ailleurs dans le monde, en particulier dans les grandes démocraties. C’est ça l’équité, c’est-à-dire la véritable justice ».
Autre nouveauté, les primes ne seront plus versées en espèces mais par virement bancaire pour une meilleure traçabilité de la destination des fonds publics. Cela permettra en outre d’éviter le problème de la rétention du montant de ces primes par certaines directions qui ne les reversaient pas aux agents supposés en bénéficier. Un phénomène à l’origine d’un certain nombre de mouvements sociaux.
Preuve que ces décisions ont été bien accueillies par les fonctionnaires, les trois principaux syndicats (MSTGV, SYNAFOPRA et COSYREFAA) ont suspendu leur mouvement de grève récurrente depuis plusieurs semaines le 25 novembre.