La coupe est pleine. Les quatre géants de l’audit devront voir prochainement leur pouvoir revu et corrigé sur le territoire britannique. A la clé, la séparation des activités d’audit de celles du conseil afin de mettre fin au conflit d’intérêt au sein des cabinets supposés valider les comptes d’entreprise auxquelles ils peuvent fournir des services de conseil en stratégie. Les dernières actualités du secteur militent en tout cas pour une réforme urgente.
Suite à la faillite de Wirecard, Deloitte, EY, KPMG et PWC sont sur leurs petits souliers. Chargé de valider les comptes de la société allemande de paiement électronique Wirecard, qui a fait faillite en juin après qu’il eut été découvert un trou de 2 milliards de dollars, Ernst & Young fait l’objet de plus d’une centaine de plaintes de la part des investisseurs , ce qui n’est pas sans rappeler la mésaventure du cabinet Arthur Anderson, autrefois membre du Big 5, tombé en disgrâce suite à la faillite de Enron, courtier américain en Energie.
Un malheur n’arrivant jamais seul, EY est aussi mis en cause pour ne pas avoir identifié des irrégularités comptables massives dans le groupe d’hôpitaux NMC Health aux Emirats arabes unis, aujourd’hui en dépôt de bilan et dont les administrateurs le poursuivent. Dans un passé récent, la première banque danoise Danske Bank, alors auditée par EY, a fait faillite sans que le cabinet ne puisse déceler des milliards d’euros de transactions douteuses.
En fait, cette cécité volontaire ou involontaire du secteur de l’audit concerne tout le Big Four. De la faillite de la chaîne de magasins BHS en 2016 (PwC), à celle de la société de construction Carillion en 2018 (KPMG) en passant par le voyagiste Thomas Cook en 2019 – (EY), ou encore par l’audit (Deloitte) scandaleux de la société de logiciels Autonomy rachetée par Hewlett-Packard en 2011, il semble que la profession, à défaut d’être sanctionnée, a besoin d’un rappel de ses obligations minimales.