En pleine réforme sur la bonne gouvernance, le Gabon découvre, effaré, une série d’abattements douaniers et fiscaux élevés accordés à des entreprises travaillant à Port Gentil. Signés de la main de Jean-Marie Ogandaga, ministre de l’Economie, de la Prospective et de la programmation du développement, ces abattements constituent des pertes cash pour le Trésor.
Par exemple la société Foraserv qui devait 220 millions de FCFA à l’Etat s’est vu accordée une remise “exceptionnelle” de 180 millions de FCFA. Au final, cette entreprise specialisée dans le forage, ne doit plus que 40 millions de FCFA à l’Etat. Mais le cas de Foraserv n’est qu’une petite mise en bouche comparée aux abattements “exceptionnels” consentis à Total. La multinationale française voit son ardoise ramenée de 4,5 milliards de FCFA à 700 millions. Idem pour Perenco soulagé de voir ses 4,5 milliards de dette fiscale fondre à 150 millions de FCFA sur ce que d’aucuns, au sein des régies financières, qualifient de “fait du prince”.
Ainsi, près de 10 milliards de FCFA de dettes des entreprises Total et Perenco ont été quasiment annulées. Le ministre de l’Economie aurait-il dû user d’un tel pouvoir de signature sans un feu vert de ses supérieurs hiérarchiques dont l’ancien premier ministre au moment des faits, CJulien Nkoghe Bekale, très au fait des dossiers et des procédures ?
Les abattements découverts, selon nos informations, lors d’une mission diligentée entre la Direction générale de la comptabilité, les Impôts et les Douanes dans la capitale économique gabonaise, entre le 9 et le 13 novembre, sont relatifs à la régulation des créances litigieuses de l’année 2017 et du recouvrement, des impayés des droits et taxes.
Difficile en tout cas de comprendre ces réductions de 85% en général sur le secteur de l’amont pétrolier à l’heure où la Task Force sur la dette intérieure annonce d’importantes découvertes de dettes cachées, de fraudes et de faux en écritures. A Port Gentil, ces cadeaux de Noël avant l’heure font dire à certains que pour le moins, le Père Noël n’a pas été emporté par la Covid-19.