La campagne électorale pour le premier tour de la présidentielle du 27 décembre prochain a débuté ce week-end où dix-sept candidats en lice dont le président sortant sollicite le suffrage des électeurs. La situation sociale tendue à travers le pays laisse planer des incertitudes sur le processus électoral.
Les Centrafricains sont conviés au premier tour des élections générales le 27 décembre 2020 en vue de désigner non seulement leur président de la République pour les cinq prochaines années, mais également les 140 députés qui constitueront l’assemblée nationale. Si aucune majorité ne se dégage aussi bien pour la présidentielle que pour les législatives, ils retourneront devant les urnes le 14 février 2021.
S’il est vrai qu’il s’agit d’un double scrutin à l’issue incertaine, c’est surtout l’élection présidentielle qui cristallise l’attention où les quelque 1,8 million d’électeurs devront « librement » choisir leurs dirigeants. Tenant compte des enjeux, l’Autorité nationale des élections (ANE) a exhorté les candidats à battre campagne dans « le respect de la cohésion sociale, sans prôner la violence et la division, en insistant sur des propositions concrètes de solutions pour une sortie durable de crise ».
Pour la présidentielle, le président Michel Archange Touadéra a en face de lui seize autres candidats parmi lesquels l’ancienne présidente de transition entre 2014-2016 Catherine Samba Panza et trois anciens premiers ministres, Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et Nicolas Tiangaye.
En lançant sa campagne samedi dernier au nom du Mouvement des Cœurs Unis (MCU) Faustin Archange Touadéra qui a sorti l’artillerie lourde a sollenellement sollicité un second mandat. « Pendant ces quatre années, on a travaillé très dur ensemble pour chercher la paix et développer le pays, a-t-il déclaré. Mais en quatre ans, on ne peut pas tout faire. Je suis ici sous votre autorité et j’y resterai si Dieu le veut qu’il touche votre cœur et que vous acceptiez de me donner encore un peu de temps pour nous permettre de reconstruire le pays ».
Si le président-candidat fait figure de favori, il pourrait être contraint au moins à un second tour, d’autant que les candidats Dologuélé du l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) et Ziguélé du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) revendiquent également un bon maillage du terrain. En cas d’un second tour, c’est une autre élection qui commence, d’autant que des ralliements ou des accords même contre nature peuvent démentir les pronostics.
Toutefois, au-delà de l’incertitude du verdict des urnes, la principale inquiétude des Centrafricains pendant et après les élections réside sur le climat sociopolitique avec un risque réel de voir des tensions sociales ravivées. Et pour cause, depuis l’invalidation de la candidature François Bozizé Yangouvonda le 3 décembre dernier par la Cour constitutionnelle entre autres pour poursuites judiciaires, l’ancien chef de l’Etat a quitté la capitale Bangui pour se réfugier dans son fief du Nord-ouest où il compte de nombreux partisans dont beaucoup sont accusés d’être à la solde des milices armées qui écument le pays.
C’est dire qu’en plus des Forces armées centrafricaines (FACA) qui a du pain sur la planche pour faire face au défi sécuritaire, la Mission des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA), forte de 11.500 casques bleus devra déployer un important dispositif pour assurer la sécurité du vote. Depuis quelque temps, des bandes armées semblent avoir repris le poil de la bête aux confins du Soudan et du Tchad, pendant que les autorités camerounaises ont renforcé des mesures de sécurité le long de la frontière avec la Centrafrique où l’on a signalé la présence de quelques « bandits » sur le corridor Douala-Bangui.
Après le début de la campagne électorale hier sans incidences particulières, la situation des prochains jours pourra déterminer de ce qui en sera de ce processus électoral.