Plusieurs mouvements rebelles écumant le pays ont signé « une déclaration commune » pour dénoncer l’accord de paix. Au lendemain de cette « entente », des colonnes de blindées ont fait leur apparition, la plus importante qui se dirigeait vers Bangui, la capitale, a été stoppée par les casques bleus de l’ONU.
A une semaine du premier tour des élections devant désigner le prochain président de la République ainsi que les 140 députés de l’assemblée nationale, l’on note de vives tensions en Centrafrique, avec un regain d’activités des mouvement rebelles. Une situation qui perturbe la campagne électorale et dont la persistance pourrait compromettre le bon déroulement du scrutin.
S’il est vrai que la désignation des représentants au parlement est en jeu, l’attention est surtout cristallisée autour du choix du futur président de la République, où dix-sept candidats au rang desquels le président sortant Faustin Archange Touadéra se disputent les suffrages de quelque 1,8 million d’électeurs selon les chiffres publiés par l’Autorité nationale des élections (ANE).
Depuis l’invalidation de la candidature de l’ancien président François Bozizé par la Cour constitutionnelle, entre autres pour poursuites judiciaires, ce dernier qui conteste la décision de la haute cour a quitté Bangui pour installer son quartier général à Bossangoa. C’est à partir du Nord-ouest du pays qu’il s’activerait à unir l’opposition civile et militaire contre le pouvoir.
Si officiellement cet officier général à travers son parti politique le Kwa na Kwa (KNK) a apporté son soutien à Georges Anicet Dologuélé, le candidat de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA) et finaliste malheureux au second tour en 2016 face à l’actuel chef de l’Etat, Bozizé aurait surtout réussi à rassembler nombre des milices armées, notamment les anti-Balaka, la Séléka – qui l’avait chassé du pouvoir en 2013 – et bien d’autres sous la bannière dénommée « Coalition des patriotes pour le changement ».
Au lendemain de sa constitution, ce regroupement de bandes armées n’a pas attendu longtemps pour passer à l’action, d’où des attaques simultanées dans plusieurs localités du pays entre le 17 et le 19 décembre 2020.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) « a déployé le 18 décembre des forces dans les régions cibles d’attaques des éléments armés du 3R, du MPC et des anti-Balaka y compris la capitale Bangui », rapporte un communiqué avant de rassurer que « les casques bleus sont en alerte maximale dans le cadre du mandat de protection des populations civiles et de sécurisation des élections ».
En dehors de Bangui, dans la plupart des régions du pays, des populations sont terrées à la maison, notamment à Bossemptélé, Mpocko, Bossembélé, Bossangoa, Yaloké…, où les dernières attaques auraient causé la mort d’une dizaine de personnes. Des mouvements de populations sont signalés de part et d’autre, notamment vers le Cameroun, où l’on compte plus de 300 000 réfugiés selon le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR).
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guteres, a condamné « l’escalade de la violence » et a appelé tous les acteurs à cesser toute hostilité de manière urgente, et à travailler ensemble pour assurer des conditions favorables à la tenue d’élections crédibles, inclusives et pacifiques le 27 décembre. Il a aussi appelé à mettre tout en œuvre pour la paix et la réconciliation et à « s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre la stabilité nationale et la tenue d’élections ».
Malgré ces vives tensions, le président-candidat Faustin Archange Touadéra a réaffirmé que l’élection se tiendrait bien à la date prévue alors que sur le terrain, la distribution du matériel se fait timidement dans une atmosphère de peur.