Au Mali, des arrestations, nombreuses et mystérieuses, organisées par les services de renseignements, sont signalées. Depuis deux jours, des personnalités importantes ont été arrêtées, qu’elles soient issues du monde des médias, des institutions maliennes, ou encore de la présidence.
Tout d’abord, les autorités de la transition ont instauré l’état d’urgence pendant le week-end pour faire face à la menace du Covid-19 et à la persistance des attaques terroristes, tout en assurant ne pas vouloir restreindre les libertés publiques, notamment celles des médias d’exercer.
C’est dans cette dynamique que le secrétaire particulier et chef de cabinet de la présidence de la République, Sékou Traoré, a été arrêté le 22 décembre 2020 par la sécurité d’État, les services de renseignements maliens. Avant lui, depuis lundi, au moins cinq autres personnes avaient déjà été arrêtées : il s’agit de deux hauts cadres du Trésor public malien (le payeur général M. Keita et le receveur du district M. Koné), le chroniqueur radio et militant contestataire Ras Bath, le directeur du PMU malien Vital Robert Diop et le directeur de l’Agefau, une agence publique consacrée aux télécommunications, Souhahebou Coulibaly. Et mardi matin, c’est son adjoint, Aguibou Tall, qui a été interpellé à son tour.
Selon plusieurs sources sécuritaires, ces arrestations sont dues à une « tentative de déstabilisation des autorités de transition », mais les autorités maliennes n’ont apporté aucune explication officielle. Joint par Financial Afrik, un conseiller du vice-président Assimi Goïta, également chef de la junte militaire qui a mené le coup d’État du 18 août, préfère ne donner « aucune précision ». « Si c’était le cas, on aurait avantage à communiquer en ce sens », explique-t-il, invitant donc à la retenue et à la mesure.
Par ailleurs, des organisations de défense des droits de l’homme, qui préfèrent ne pas être citées, déplorent des « arrestations extrajudiciaires », et expliquent n’avoir aucune information sur les conditions de détention des personnes arrêtées ni sur les motivations réelles de ces arrestations. « Nous sommes très préoccupés par les derniers événements relatifs à des arrestations arbitraires », a déclaré Aguibou Bouaré, président de la Commission nationale des droits de l’homme.
D’après nos sources, il y a également eu des licenciements dans certains ministères, et notamment à la primature. Au moins une douzaine de personnes ont dû quitter leurs postes, ces derniers jours. Certaines sources parlent de purge. « Pas du tout », assure pour sa part un conseiller gouvernemental.
Cependant, l’ex-premier ministre Boubou Cissé, renversé avec le reste de l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août dernier, avait apporté un démenti être impliqué dans toute tentative de complot contre les autorités de transition. Dénonçant « une odieuse tentative de jeter le discrédit sur ma personne », l’ancien chef du gouvernement malien « défie quiconque d’en apporter la preuve ». Malgré cela, il vient d’échapper à une « tentative de kidnaping ce mercredi soir à son domicile dont un de ses vigiles a été légèrement blessé », selon une déclaration publiée ce soir sur les réseaux sociaux.