Au-delà d’un langage diplomatique ampoulé, la survenance inattendue de la crise sanitaire liée au Covid-19 n’est que la face cachée d’une relation tumultueuse ayant débouché à la suspension des Accords de partenariat économique (APE).
Six ans après la signature des Accords de partenariat économique entre l’Union européenne (UE) et le Cameroun, le ciel a souvent été ombrageux entre les deux partenaires indépendamment du fait que la diplomatie s’est toujours chargée d’arranger les angles. La machine s’est véritablement grippée à l’aune de la 5e phase des APE qui aurait dû entrer en vigueur le 04 août 2020. Une prorogation à la demande du Cameroun qui s’est appuyé sur l’article 31 de l’Accord qui prévoit des possibilités de suspension.
Malgré cette raison valable liée à la pandémie du Coronavirus qui impacte sérieusement sur les activités économiques, l’UE a vivement protesté non seulement parce qu’il y avait des points d’achoppements sur « les mesures d’accompagnement en vue de promouvoir un accroissement quantitatif et qualitatif des biens et services produits et exportés par le Cameroun » mais également parce que « cette demande nous est parvenue en coïncidence avec la lettre du gouvernement qui nous informait de la suspension temporaire de la mise en œuvre de l’APE », précise l’UE.
En d’autres termes, l’Union européenne estime que le Cameroun prend pour prétexte le Covid-19 pour saper l’implémentation des APE dont la 4è phase devrait prendre fin le 3 août 2020. Poussé dans ces derniers retranchements, le Cameroun a invoqué l’article 57 de la Convention de Vienne de 1969 sur les traités internationaux, se rapportant au cas de force majeure. Sur la base de cette disposition, une partie contractante peut suspendre partiellement ou totalement l’application d’un Accord.
Le Cameroun dont l’Union européenne est le premier partenaire économique était quasiment contraint de suspendre cet accord, étant donné que les barrières extracommunautaires ont été fermées depuis mars dernier pour cause de Covid-19. En outre, l’UE est à la fois le premier partenaire du pays pour les importations (35 %) et pour ses exportations (46 %). En 2019, les exportations camerounaises en direction de l’Union européenne se chiffraient à 1400 milliards FCFA tandis que les importations ont culminé à 1000 milliards de FCFA.
D’après des sources, le démantèlement des barrières douanières dans le cadre des APE devrait reprendre dès le 1er janvier 2021. Malgré ces soubresauts, « la relation Cameroun-Union européenne demeure cordiale » estime des observateurs. En juillet dernier, le gouvernement camerounais a présenté un plan d’accompagnement estimé à 607,63 millions d’euros (398,6 milliards de FCFA), visant notamment l’amélioration de l’environnement des affaires, la promotion de l’intégration et l’implémentation de l’APE.