L’année 2020 marquerait-elle définitivement la rupture entre la planète finance et le monde de l’économie réelle sous l’effet des politiques accommodantes des banques centrales et des plans de relance coûteux et laborieux ?
Alors que les entreprises font face aux pertes d’exploitation causées par les mesures de confinement visant à contenir le Covid-19, que des millions de personnes sont réduites au chômage et que les USA étaient officiellement en récession depuis la fin juillet, Wall Street, passé la stupeur du 16 mars 2020 quand, à l’annonce de la pandémie, l’indice composite a dévissé de 13%, s’alignant dans le même ordre de grandeur que la crise de 1929 et le choc d’octobre 1987, a volé de record en record pour finir l’année avec un gain de 7,25%. Le Dow Jones a atteint, le 24 novembre dernier, la barre des 30 000 points pour la toute première fois de son histoire, donnant raison au prix Nobel de l’Economie, Paul Krugman, qui n’a de cesse de dire que la Bourse n’est pas l’économie.
Ce qui est mauvais pour l’Amérique est parfois bon pour le marché. […] vous devez vous rappeler trois règles. Premièrement, le marché boursier n’est pas l’économie. Deuxièmement, le marché boursier n’est pas l’économie. Troisièmement, le marché boursier n’est pas l’économie […]. La relation entre la performance des actions – largement déterminée par l’oscillation entre la cupidité et la peur – et la croissance économique réelle a toujours été à mi-chemin entre molle et inexistante.
Paul Krugman
Sur la dernière séance de l’année, l’indice vedette, en progression de +0,65%, a encore inscrit un nouveau record à 30.606,5, le S&P-500 s’est aligné sur la même progression (0,65%) à 3.756. Sur l’ensemble de l’année, le Nasdaq-100 et le Composite affichent des gains annuels respectifs de +47,6% et +43,6%, entrainés par la flambée des GAFAM + Netflix et Tesla : ces 7 titres représentant plus de 100% des gains de Wall-Street en 2020. Tesla a explosé les compteurs avec un gain de +720% sur l’année contre 80% pour Apple. Le S&P progresse de +16,3%.
Après une année plutôt euphorique, l’on se pose des questions sur la persistance de ces tendances boursières en 2021. L’arrivée des vaccins devrait redonner du moral aux boursicoteurs. Mais ce sera surtout la poursuite des injections massives d’argent par la Banque centrale américaine (Fed) dans le système financier et le maintient des taux d’intérêt proches de zéro, qui vont continuer à alimenter les investissements sur les marchés actions, celles de la tech, des entreprises et laboratoires pharmaceutiques en particulier. La question étant évidemment de savoir lequel des fondamentaux sanitaires et économiques ou de l’enthousiasme financier et boursier sera plus fort pour neutraliser son prochain.