La Centrafrique vacille. C’est ce 4 janvier 2020 que les premiers résultats des présidentielles et législatives du 27 décembre sont attendus dans l’ex Oubangui–Chari, un cocktail d’ethnies opposés par la politique, la religion et, il faut le dire, les pierres précieuses. Mais, au delà de cette élection particulière dans un pays-passoire faisant frontière avec le Tchad, le Soudan, le Soudan du Sud, le Cameroun, le Congo et la RDC, les enjeux sont bien ailleurs, comme le montre le discours du président sortant, Faustin-Archange Touadéra, qui dénonce une rébellion conduite par l’ancien président, François Bozizé, renversé le 24 mars 2013 après sa prise de pouvoir par un coup d’Etat dix ans plutôt, qu’il présente comme un homme « rongé par la haine, la rancoeur et l’esprit de vengeance ». « J’ai le pénible devoir de vous dire ce soir que nous sommes en guerre », a déclaré le président lors de son discours du nouvel an.
Protégé par son armée et des renforts des forces spéciales du Rwanda et de la Russie, le président sortant crie à la prise en otage du pays par « des mercenaires réunis au sein d’une nébuleuse rébellion dénommée pompeusement Coalition des patriotes pour le changement ». Comme pour ne rien arranger aux choses, Bangassou serait tombée aux rebelles dimanche matin, ce que dément le numéro 1 de la Minusca, Mankeur Ndiaye, dans un tweet explicite.
Cette psychose de la progression des rebelles s’ajoute à la situation chaotique dans la capitale, Bangui, plongée depuis le 27 décembre dans une vaste coupure d’électricité. « L’opposition COD-2020 observe un silence inquiétant à ce discours », relève le président Touadéra, qui avait s’être définitivement débarrassé de François Bozizé une fois la candidature de celui-ci invalidée.
Salué comme « crédible » et « légitime » par le gouvernement et la communauté internationale, le scrutin est contesté par la Coalition de l’opposition démocratique (COD-2020), regroupant les plus importants partis et mouvements de l’opposition, qui en demande l’annulation dans un communiqué du 30 décembre 2020.
Sur un total de 71 sous-préfectures, « 29 n’ont pas voté », avait déclaré lundi le ministre de l’Administration du territoire. » De son côté, le porte-parole du gouvernement, Ange Maxime Kazaguin est formel: « l’élection s’est déroulée dans les 16 préfectures de la République centrafricaine. 800 bureaux de vote n’ont pas été ouverts, sur 5 408. Cela veut dire que 85 % des bureaux de vote ont été ouverts au public », avait-t-il précisé. Ce qui en soi est une prouesse dans un pays occupé à plus de 70% par des groupes rebelles.
Pays le plus pauvre du monde, la Centrafrique large comme la France, la Belgique et la Suisse réunies, est peuplée de 4,5 millions d’habitants sur une terre au sous soul riche au contrôle de l’Etat et de 14 groupes rebelles.