Le fondateur d’Ali Baba a disparu des radars depuis le 24 octobre et sa fortune a fondu de 12 milliards de dollars en l’espace de deux mois. La fortune du chinois le plus populaire de la planète est estimée à 63 milliards de dollars.
Tombé en disgrâce pour avoir critiqué le système financier de son pays, le 24 octobre dernier, à la veille de l’introduction en Bourse de sa société de paiement en ligne, ANT Financial, opération de 35 milliards de dollars, devant se dérouler le 5 novembre et le 24 décembre mais finalement annulée par les autorités, Jack Ma, 56 ans, est passé du jour au lendemain du symbole du modernisme conquérant de l’Empire du Milieu au statut de nouvelle victime du tout puissant parti communiste chinois (PCC).
Ainsi, pour avoir comparé les banques de son pays aux prêteurs à gages et estimé que « le système financier d’aujourd’hui est l’héritage de l’ère industrielle. Nous devons en créer un nouveau pour la prochaine génération et les jeunes. Nous devons réformer le système actuel« , la deuxième fortune de Chine se voit rappelé à l’ordre.
Incarnation vivante du rêve chinois, Jack Ma a fondé Ali Baba dans la ville côtière de Hangzhou en 1999, dans son appartement, avec moins de 20 employés. Le géant du commerce en ligne a généré 71,985 milliards de dollars de revenus au cours de l’exercice qui s’est terminé 31 mars 2020.
En Afrique, le patron de Ali Baba conduisait une opération « Africa’s Business Heroes », en direction des startups et entrepreneurs africains, qui connaît beaucoup de succès grâce à l’alléchant gain de 1,5 million de dollars promu au vainqueur. Le nom de Jack Ma a disparu du site d’Africa’s Business Heroes, officiellement pour « conflit d’agenda ». Le dernier message posté par le milliardaire chinois sur Twitter remonte, lui, au 10 octobre, une éternité comparée à la fréquence de ses post via ce canal qu’il affectionne particulièrement.
Du côté de Alibaba, c’est motus et bouche cousue alors que l’Etat chinois, en plus d’avoir fait avorter l’introduction en Bourse de la société Ant, la poursuit pour abus de position dominante dans une procédure qui devrait conduire à sa restructuration. Un malheur n’arrivant jamais seul, une enquête vient d’être lancée sur les pratiques anti-concurrentielles d’Ali Baba.
Cet épisode relance le débat sur la Chine, pays du capitalisme, autoritaire sous haute surveillance, qui a du mal à allier ses prouesses technologiques avec la liberté d’expression. Devrait-on forcément opposer efficacité et liberté ?