Par Téophane Mokoko, Founder and Managing Partner d’Infinite Capital (Congo).
La crise de la COVID-19, a conduit les gouvernements d’Afrique Centrale à prendre des mesures communautaires et souveraines visant à accompagner le secteur privé. La Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC) a donc mis en place un dispositif financier renforcé afin de soutenir les organisations patronales sous-régionales, plus particulièrement à l’endroit des PME, maillon essentiel du tissu économique de nos Etats. Seulement, si ces dispositifs peinent à rentrer pleinement en application c’est à n’en point douter dû au manque d’un cadre d’évaluation et de sélection efficient de ces entreprises.
Un outil d’aide de prise de décision
En effet, si la nécessité du refinancement du secteur privé s’impose d’avantage, il n’en demeure pas moins qu’il est plus que nécessaire de savoir qui l’on finance, pourquoi et à quelle hauteur. C’est à ce niveau que la notation obligatoire des entreprises intervient. Elle permet selon un certain nombre de critères de sélection de créer une forme d’émulation ou «financement sélectif» ; cela poursuit donc un double objectif à savoir : assainir le portefeuille d’accompagnement des entreprises en misant d’avantage sur la qualité et implicitement financer des entreprises réellement vectrices de croissance pour nos économies.
Critères de sélection
Au nombre des critères les plus essentiels, nous retenons la solidité financière des organisations, leurs historiques ainsi que la vision prospective. La solidité financière fait recours à l’analyse des comptes consolidés, l’évolution historique du chiffre d’affaires sur une période de 3 à 5 ans. La vision prospective fait référence à la pertinence du plan de développement ou de redressement proposé par ladite organisation. Enfin, une dimension plus sociale peut être intégrée dans les critères de notation, notamment en termes de taux de rétention des emplois, afin de contribuer à la maitrise de la courbe du chômage de masse.
Mode de fonctionnement des APNE
Les APNE sont des organes publics dotés d’une autonomie financière. Dans leur objet, ils pourraient s’imposer aux organisations patronales, suivant une forme de cotisation annuelle obligatoire pour toutes les entreprises souhaitant accéder au dispositif de financements additionnels prévu pour les entreprises. Cette cotisation allant de 1 à 3% du chiffre d’affaires réalisé, suivant le choix de l’organisation pourrait présenter des avantages. Elle donne la possibilité de bénéficier de revues trimestrielles sur la note desdites entreprises suivi de recommandations pratiques ; ainsi que l’accès aux fonds de garanties auprès de banques.
L’accès au stock-market sous régional pour les entreprises
Les APNE seront des leviers d’accès à un éventail de financements plus attractifs pour les entreprises selon leurs tailles et leurs natures. En effet, certaines entreprises en phase de développement souhaitent se financer au travers de sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) qui se chargent de lever des fonds pour le compte de leurs clients auprès des marchés financiers (la Douala Stock Exchange, ou encore plus de dynamisme avec la Kigali Stock Exchange). Cela confère des obligations pour les APNE, quant à l’accès annuel a une forme d’agrément révocable auprès de la commission de supervision des marchés financiers d’Afrique Centrale (COSUMAF). En somme, les APNE pourraient se présenter comme étant des instruments d’aide a une meilleure gouvernance économique et financière tant pour les entreprises que pour les pouvoirs publics. Cette forme d’audit aura donc vocation à révéler les failles ou avancées des politiques mises en place par les Etats ainsi que par les entreprises, et plus loin leur corrélation.