Le Bitcoin (BTC) a franchi la barre des 40 000 dollars dans un contexte tendu où les marchés financiers classiques, rivés sur les vaccins, attendent de meilleures nouvelles pour bien démarrer l’année. Le 8 janvier, la plus célèbre des crtyptomonnaies valait 40 655 dollars sur les plateformes électroniques après avoir drainé un volume de transactions de 86 milliards de dollars en l’espace de 24 heures.
Les prises de bénéfices n’ont guère pu freiner la hausse du bitcoin qui s’est bonifié de 6,52 % en 24 heures et de 39,7% sur les 7 derniers jours. Dans le sillage de la reine des crypto, Ethereum (ETH), coté à 1 196 dollars, s’illustre avec un volume de transactions record de 42,6 milliards de dollars pour une hausse inédite de 64,86% en 7 jours.
Le regain d’intérêt pour ces monnaies décentralisées, sans contrepartie réelle autre que l’appétit du gain ou le goût du risque, explique la hausse record de leur capitalisation boursière, qui a dépassé les 1000 milliards de dollars (1 112 milliards de dollars) contre un peu plus de 500 milliards de dollars en septembre. La théorie quantitative de la monnaie (MV = PY) semble avoir peu de prise sur les crypto-actifs. La quantité de bitcoin émise prévisible et publique atteindra 21 millions vers 2040, selon une fonction décroissante qui n’est pas liée aux politiques des Banques Centrales et qui est à l’abri de l’inflation. Monnaie de spéculation, le bitcoin n’est pas encore à proprement parler une monnaie d’échange.
S’il ne répond pas à la théorie de la monnaie, le Bitcoin, fixé par un rapport entre les forces acheteuses et vendeuses, observe parfaitement ou presque la loi de l’offre et de la demande. Utile et rare, la monnaie fondée en 2008 par le mystérieux Satoshi Nakamoto (un pseudonyme ?) valait 12 dollars en 2013, $20.000 en 2017 et 40 655 dollars le 8 janvier. Une hausse record appelée à rester ainsi tant que le bitcoin demeurera rare et utile et tant que le réseau des adeptes continuera à y croire dans cette monnaie dont personne ne connaît encore l’inventeur. Le mode de fonctionnement de cette monnaie issue du blockchain rejoint en tout cas la proposition du prix Nobel d’Economie, Friedrich August Hayek , en 1976, selon laquelle que pour obtenir la stabilité monétaire après l’éclatement du système de Bretton Woods, il fallait procéder à l’abolition du monopole d’émission de billets des banques centrales et mettre en place un système de concurrence entre des monnaies privées.
Tout à l’opposé, Milton Friedman, un autre Prix Nobel, préconisait que la Banque Centrale, détentrice du monopole de l’émission monétaire, doit injecter des liquidités en temps de crise. Si le Bitcoin donne raison à Hayek, le système d’assouplissement quantitatif adopté par la FED, la BCE et d’autres banques centrales, s’en tient plutôt à Friedman. A l’avenir, ces deux mondes entreront certainement en collision et il semble que le monde de Hayek, un ancien socialiste reconverti en libéralisme, défenseur de la liberté totale, de la liberté économique ensuite, a plus d’atouts et de cohérence avec l’air du temps que les tenants de la décision devant tomber d’en haut.