Touchée de plein fouet par la pandémie de la Covid-19 dès le premier trimestre de l’année 2020, l’hôtellerie a été très impactée avec l’annulation de réservations et d’événements et les restrictions de voyage. Le tourisme international représente pourtant une manne financière importante pour le continent. En Afrique, le secteur doit attirer une nouvelle clientèle. Selon Laetitia Nyop-Gnassingbé, fondatrice du cabinet Leed Hospitality, plusieurs pistes existent pour redresser la barre.
L’adaptabilité reste une nécessité, lorsque l’on sait que 60% des hôtels et restaurants en Afrique sont menacés de fermeture. Un danger qui guette un secteur qui connaissait une croissance de 6% en termes de chiffre d’affaires jusqu’en 2019.
Des solutions adaptables au contexte post-covid peuvent être trouvées. Le Cabinet Leed Hospitality, créé par Laetitia Nyop Gnassingbé, compte rassurer les entrepreneurs et gérants du secteur touristique: «cette pandémie ne sera pas éternelle et notre objectif est de donner les meilleures stratégies possibles pour permettre aux secteurs de la restauration et de l’hôtellerie de sortir au mieux de cette crise».
Selon la Banque Mondiale, le tourisme est l’un des moteurs de la transformation de l’économie africaine et pourrait être un agent de ce décollage à long terme.
L’Afrique subsaharienne, qui n’a attiré que 6,7 millions de visiteurs en 1990, en a accueilli 67 millions en 2018. Cette année-là, les recettes du tourisme ont dépassé 38 milliards de dollars et directement contribué à 2,8 % du PIB de la région selon une étude publiée par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) en 2019. Mais en 2020, en raison de la pandémie, le secteur a observé une perte moyenne allant jusqu’à 70% du chiffre d’affaires. Suite à la fermeture des frontières, de nombreux hôtels n’ont eu aucun revenu durant de nombreux mois avec des charges fixes restées pourtant constantes.
Cependant, plusieurs pistes peuvent être étudiées en vue d’une relance du secteur en analysant la spécificité de chaque pays. L’objectif est de développer une vraie gamme d’excellence à l’instar du Rwanda avec les écolodges. «Nous devons cibler des offres pour des consommateurs domestiques. Ils peuvent profiter de la fermeture des frontières, pour découvrir la richesse touristique de leur pays», indique Laetitia Nyop Gnassingbé. Le développement du tourisme local est un enjeu majeur.
Les hôtels de deux et trois étoiles ont repris leurs activités avec des taux d’occupation de 26% dans certaines capitales dès le mois de septembre 2020.
D’autres motifs d’espoirs existent en raison de l’intégration du digital dans les services qui ont été pensés pendant la pandémie. Au Kenya, le parc national de Nairobi a organisé des safaris virtuels et les parcs n’ont pas fermé totalement.
D’autres pays se sont montrés réactifs dans le contrôle sanitaire des passagers. Le Bénin n’a jamais fermé ses frontières, avec un test à l’arrivée et au départ pour un coût de 100.000 FCFA.
Outre les mesures de sécurité sanitaire sur lesquelles les hôtels doivent communiquer, il leur faudra également investir et innover. Plusieurs hôtels n’ont toujours rien affiché sur les protocoles sanitaires mis en place pour protéger les clients et le personnel.
Enfin, la fondatrice de Leed Hospitality insiste sur l’importance de la flexibilité au niveau des réservations concernant la politique d’annulation et de remboursement.
La situation post-covid accentue la concurrence
En Afrique, il y a les grands groupes internationaux et les structures nationales. La situation post-covid pourrait exacerber la concurrence. Selon Laetitia Gnassingbé: «les hôtels ont dû mal à travailler ensemble. Dans les grandes capitales, certains hôteliers refusent de communiquer leurs chiffres (taux d’occupation et prix moyen). Ceci entraîne un manque de corrélation entre le prix, le service et la qualité». Néanmoins les groupes panafricains se trouvent à un niveau de qualité de service élevé, bien qu’ils soient minoritaires pour le moment. Si le secteur privé a sa part de responsabilité, les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer. Le Bénin se montre pro-actif en la matière, avec le Fond National de Développement et Promotion Touristique qui financera de nombreux projets touristiques avec un volet dédié à la formation des employés. De plus, il faut éduquer les enfants aux cultures et patrimoines locaux. Aujourd’hui la pandémie a changé la donne. Les Africains préfèrent les destinations continentales en lieu et place d’autres destinations mondiales. Ainsi, le nombre de clients domestiques devrait renforcer les contrats de gestion hôtelière pour améliorer l’efficacité des services. L’Afrique pourra alors rivaliser avec le reste du monde dans ce secteur où tout reste à définir.