L’Afrique doit-elle craindre une offensive commerciale sino européenne sur ses marchés ? Financial Afrik a posé la question à l’Elysée. Exclusif.
A cause de la crise sanitaire, Emmanuel Macron «n’a pas pu tenir son engagement de se rendre en Chine une fois par an pour incarner et défendre les intérêts de la France et de l’Union européenne», a révélé en début de semaine Walid Fouque lors d’un briefing de l’Elysée sur l’accord global sur les investissements avec Pékin. Au cours de ce briefing, le conseiller pour l’Asie et l’Océanie a précisé que le Président «tiendra cet engagement dès que possible» dans le cadre d’un «axe européen qu’il souhaite continuer à privilégier» dans la relation entre l’Union européenne et la Chine, a-t-il ajouté. Car son «ambition» et sa «détermination» à défendre les intérêts européens s’appliquent «à chacune de ses interactions avec les autorités chinoises», a-t-il ajouté.
Pas de connivence sino européenne en Afrique
Interrogé sur l’élaboration d’une politique commerciale commune en Afrique dans le cadre de ces négociations, Walid Fouque a été catégorique. «La concurrence ainsi que la volonté de coopérer en essayant de tirer les Chinois vers le haut pour s’assurer qu’ils respectent les normes internationales» empêchent pour l’instant toute connivence sino européenne sur les marchés africains, a-t-il répondu. Le premier objectif de la France en Afrique, «c’est de s’assurer que la présence des (entreprises) chinoises aille dans le sens des intérêts des pays africains, dans le sens de nos propres intérêts et dans le cadre des engagements pris sur les enjeux globaux.» Toutefois, comme le conseiller élyséen l’a reconnu lui-même, «cela ne constitue pas une stratégie commerciale à proprement dit !»
Suspension du service de la dette
Si Paris se heurte de plus en plus à la présence des entreprises chinoises sur le continent, le but, désormais, est de « les associer et d’essayer d’avoir une ambition la plus élevée possible avec les autorités chinoises à bord. » Pour Walid Fouque, il s’agit notamment de les convaincre d’adopter des normes pour préserver le climat et la biodiversité. « Il y aura la conférence de Kunming (sur le climat) cette année, mais c’est aussi la question de la dette », a-t-il expliqué. Pour lui, la suspension du service de la dette africaine constitue « un exemple très concret et très tangible de notre capacité à tirer les Chinois vers les normes internationales», insiste-t-il. En ce sens, l’initiative de la France a été bien accueillie « puisque les Chinois ont accepté de suivre les critères de Paris.» Mais à l’instar des annonces de Pékin sur le climat, reste maintenant à vérifier que les Chinois mettront en œuvre tous leurs engagements, avertit-il.