La remise du rapport de l’historien Benjamin Stora à l’Elysée, le 20 janvier 2021, ne sera pas suivi d’un changement de paradigme dans la vision française de la guerre d’Algérie. L’Elysée promet des «actes symboliques». Mais «ni repentance ni excuses» de la part du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, droit dans ses bottes, par rapport aux 130 ans de présence française dans le plus grand pays du Maghreb. La guerre d’Algérie qui s’est déroulée de 1954 à 1962 a été l’une des guerres de décolonisation les plus violentes dans le monde.
Moins révolutionnaire que ses propos de 2017, quand il qualifiait la colonisation de “crime contre l’humanité”, Emmanuel Macron semble désormais aligné sur la position classique de la cinquième république dont le point culminant fut atteint en 2005 avec le vote de la loi sur les « bienfaits de la colonisation ». Plutôt que des excuses, l’Elysée promet des symboles comme la participation du chef de l’Etat français à trois journées de commémoration dans le cadre du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie : la journée nationale des harkis le 25 septembre, la répression d’une manifestation d’Algériens le 17 octobre 1961, et les Accords d’Evian du 19 mars 1962.
L’historien Benjamin Stora (opposé à la repentance), mandaté sur ce rapport depuis juillet dernier, préconise, parmi 27 recommandations, de créer une commission « Mémoire et vérité », chargée de proposer des « initiatives communes entre la France et l’Algérie sur les questions de mémoire » afin de réconcilier les deux rives de la Méditerranée.
A une année des élections présidentielles cruciales, le leader de “En Marche”, Premier président français né après la guerre d’Algérie, ne veut pas prendre le risque d’une polémique à grande échelle.