La recapitalisation de la CCEI Bank Guinée équatoriale, ex filiale du groupe camerounais Afriland first bank, tombée dans l’escarcelle de l’Etat équato-guinéen le 9 janvier 2021 ne serait pas sans anicroche. Ce qui apparaissait comme une transition pacifique aux termes d’un gentle agreement entre les anciens et les nouveaux actionnaires majoritaires ne le serait pas véritablement.
Selon les informations de Financial Afrik, l’Etat équato-guinéen qui a racheté 53% de parts d’Afriland First Group et les 13 % d’Afriland First Bank pour se retrouver actuellement à 76% d’actions, n’a toujours pas libéré les 30 milliards de FCFA, environ 45 millions d’euro comme convenu. Et pourtant c’est à travers cet accord avec le promoteur historique, Afriland First Bank qui a permis à l’Etat de prendre le contrôle de la banque, les autres actionnaires étant des privés nationaux 15% et le groupe Abayak 9%, proche de la famille du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Pendant que l’ex actionnaire majoritaire attend que la transaction soit soldée, la nouvel propriétaire de la banque s’est empressé de changer des dirigeants. Raison pour laquelle l’Etat équato-guinéen a procédé le 19 janvier 2021 à la nomination d’un nouveau directeur général, Ona Mba Agapito Teodosio, en remplacement de Célestin Tindjou. Un changement de dirigeants considéré comme un «forcing» par des proches de Paul Fokam Kammogne, le président directeur général d’Afriland First Group dont la filiale équato-guinéenne était considéré comme l’une des plus performantes du groupe.
Pour la partie guinéenne qui reconnaît que «la totalité de la transaction n’a pas encore été effectuée», ce «retard» serait consécutif aux restrictions imposées par la nouvelle réglementation sur les changes en vigueur depuis deux ans sous les auspices de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). En d’autres termes, le complément attendu qui «ne représente pas le quart de la transaction globale sera reversé dans des meilleurs délais».
Sauf que cet argument semble ne pas totalement satisfaire des dirigeants d’Afriland First Group, qui estiment que la Guinée équatoriale aurait pu attendre la fin de ce processus pour procéder aux nominations de nouveaux responsables à la tête de CCEI Bank. Si pour le moment les anciens propriétaires «croient à la bonne foi du nouvel actionnaire majoritaire », l’on ne manque pas de s’interroger sur «la démarche adoptée par la Guinée équatoriale» ce qui laisse croire qu’il y aurait « anguille sous roche ».
Selon des sources proches de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC), l’Etat équato-guinéen nourrissait depuis quelques années, l’ambition de nationaliser la CCEI Bank qui deviendrait la deuxième banque publique aux côtés de la Banque nationale de Guinée équatoriale (BANGE).