Le Vatican au centre du dispositif du dialogue camerouno-camerounais devant permettre de ramener la paix dans la partie anglophone du pays. Après l’échec de la médiation suisse, la Saint-Siège qui avait été approché à un moment est à la manette.
L’on susurrait dans certains milieux diplomatiques, la médiation du Vatican pour tenter de ramener la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Cette thèse semble se confirmer, même si a priori, le tweet de Paul Biya ne relève pas clairement, l’étendue de la présence en terre camerounaise de l’émissaire du Vatican. Certes, dans un langage ampoulé qui sied à la diplomatie, le chef de l’Etat a annoncé avoir eu un « échange cordial ce jour avec son éminence Pietro Parolin, secrétaire d’Etat auprès du Saint-Siège, porteur d’un message de paix de sa Sainteté le pape François ».
Ce vendredi 29 janvier 2021 sur les hauteurs du palais présidentiel d’Etoudi, à Yaoundé, le président de la République au cours d’un tête-à-tête avec le légat du pape « ont fait le tour d’horizon des sujets d’intérêt commun, notamment la situation sociopolitique dans le pays ainsi que les relations qu’entretiennent le Cameroun et le Saint-Siège ». Une déclaration qui lève un épais de voile sur cette visite du numéro deux du Vatican, qui, en réalité, permet de remettre le Saint-Siège au centre du dispositif dans la quête du dialogue en vue de ramener la paix dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest en butte à une violente crise sociopolitique depuis quatre ans.
S’exprimant devant la presse, le cardinal Pietro Parolin s’est réjoui de l’excellence des relations bilatérales, indiquant notamment que « nos relations sont bonnes, nos relations sont cordiales. Ma visite ici est un autre signe de la cordialité de nos relations », a-t-il déclaré. En d’autres termes, « je suis ici pour manifester l’attention et la solidarité du Saint-Père François envers le Cameroun, surtout en ce moment où il expérimente un conflit sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous souhaitons que la paix revienne dans ces régions » affirmant la disponibilité du Saint-Siège et de l’Eglise catholique en général à contribuer inlassablement au retour à la paix.
Passant de la parole à l’acte, l’envoyé du Vatican s’est envolé pour Bamenda, le chef-lieu de la région du Nord-ouest, où l’organisation d’une cérémonie religieuse le 31 janvier 2021 en la cathédrale saint Joseph de Mankon n’est rien d’autre qu’un joli prétexte pour semer la graine de la paix et de la réconciliation entre le pouvoir régalien et des milices armées, qui, sous la coupole officielle de lutter pour l’indépendance de cette partie du territoire national, sèment la terreur et la désolation parmi la population, avec au compteur plus de 3000 morts et plus de 600 000 déplacés d’après un récent décompte des ONG (Organisations non-gouvernementales).
Après l’échec de la médiation suisse, le Vatican qui avait à un moment donné contribué à rapprocher les deux parties est remis en selle, en attendant de connaitre des contours de cette médiation. D’après des sources, le Vatican pourrait notamment s’appuyer sur des institutions dédiées à l’instar de Sant’Egidio ou encore l’Opus dei pour mener cette médiation acceptée par Paul Biya, malgré la réticence des caciques, partisans de la ligne dure reposant essentiellement sur une option militaire.
Reste à savoir comment les choses vont se dérouler, dans un contexte de déstructuration du mouvement séparatiste, où la cause séparatiste clamée au départ, s’est muée en grand banditisme, où des populations riveraines subissent de pires atrocités des gangs armés qui écument cette partie du pays.