Le Groupement interpatrronal du Cameroun (GICAM) et l’Union des consignataires et armateurs du Cameroun (UCAM) s’insurgent contre l’augmentation des tarifs portuaires décidée de manière unilatérale par le Port autonome de Douala (PAD) au mépris des dispositions en vigueur avec pour corollaire, l’impact négatif sur l’attractivité et la compétitivité de l’économie nationale.
L’objectif des autorités camerounaises de faire du port de Douala, l’un des plus attractifs et plus compétitifs de l’Association de gestion des ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC) est-il en train de se volatiliser ? Tout laisse le croire, tout au moins, au regard de la dernière actualité liée à l’augmentation de certains tarifs portuaires. Une situation « incompréhensible » qui suscite la réprobation des milieux d’affaires et des créateurs de richesses.
Dans une correspondance adressée au directeur général du PAD, Cyrus Ngo’o portant sur les « préoccupations des entreprises relatives à certaines tarifs portuaires », le président du GICAM, Célestin Tawamba tire la sonnette et appelle à l’annulation de ces mesures contreproductives pour l’économie nationale.
« En effet, des surcoûts engagés par certaines taxations sur les services portuaires renchérissent le coût de passage portuaire avec comme principale crainte, des répercussions sur la compétitivité de certains produits et le coût final au consommateur. Ces récriminations concernent notamment : l’instauration d’une redevance systématique de pesage portuaire ; l’augmentation de la redevance marchandise ; le coût et les conditions de renouvellement des badges d’accès au port de Douala ; le double emploi engendré par certaines prestations facturées par le PAD alors qu’elles relèveraient des négociations contractuelles entre les opérateurs et leurs prestataires ».
Au moment où la mise en œuvre des mesures incitatives apparaît comme une nécessité pour faire face à une conjoncture difficile renforcée par la crise sanitaire liée au Coronavirus, « ces augmentations et dysfonctionnements augmentent les coûts de passage au port de Douala et réduisent la compétitivité de nos entreprises. Ce faisant, ils impactent négativement la place du Cameroun dans le classement Doing business ». Aussi, le GICAM souhaite-t-il « attirer votre attention sur les menaces que cette situation engendre sur la volonté de tous les acteurs de réduire considérablement les délais et coûts de passage portuaire et de s’assurer du respect des conditions d’une saine concurrence (…) Ceci étant, dans l’intervalle, nous vous saurions gré des dispositions qu’il vous plaira de prendre pour surseoir à l’application des mesures envisagées pour début 2021 ».
Ce plaidoyer du patronat est partagé par des usagers de la place portuaire de Douala. Ainsi, « les membres de l’UCAM constatent qu’ils reçoivent les factures de redevance marchandise émises par le PAD après évacuation des conteneurs vides. Toutefois, ces conteneurs vides n’étant pas des marchandises mais plutôt des emballages, ceci induit un nouveau coût, qui augmentera le coût de passage des marchandises au port de Douala avec un effet néfaste sur l’attractivité et la compétitivité de celui-ci ».
Le PAD à travers la Régie du terminal à conteneurs (RTC) a créé de nouvelles taxes. Ainsi, les conteneurs ayant séjournés plus de 15 jours doivent s’acquitter d’une redevance pour encombrement hors taxes de 188 375 et 316 749 FCFA, respectivement pour les conteneurs de 20 et 40 pieds. En outre, une redevance sécurité de 20 0000 et 30 000 FCFA a été instituée. De nouvelles taxes qui seront refacturées et supportées malheureusement par le consommateur final.
Faut-il le préciser, cette nouvelle taxation n’existait pas sous le magistère de Douala international terminal (DIT), la filiale du consortium franco-danois Bolloré-Maesrk APM qui a assuré l’exploitation de ladite infrastructure portuaire entre 2005 et 2019, avant d’être écarté à l’irrégulière par le PAD au terme d’un processus vicié.
En tout état de cause l’UCAM conteste cette décision de l’autorité portuaire d’autant que les conclusions orales des différentes réunions entre les consignataires et le PAD tenues sur ce sujet stipulaient que les conteneurs vides n’apparaissant pas sur les manifestes en dehors des conteneurs des derniers voyages ne seront pas facturés. « Etant dans l’incapacité de faire face à ce nouveau coût, les armateurs seront simplement dans l’obligation d’éviter d’en débarquer, ce qui aura un impact direct sur la disponibilité des conteneurs vides pour les exports. Face à cette situation très préjudiciable aux consignataires comme aux chargeurs, nous vous prions de bien vouloir surseoir la facturation vide au port de Douala ».
Pendant que les complaintes s’accumulent parmi la clientèle, certains usagers de place portuaire de Douala à l’instar des transitaires ont entrepris d’observer un mouvement de grève en signe de protestation contre ces mesures anti-incitatives qui constituent un frein à la compétitivité de l’économie camerounaise. Il revient au gouvernement saisit par le GICAM et l’UCAM d’apporter une réponse idoine qui puisse profiter à l’économie nationale.
Un commentaire
JE VEUX JUSTE COMPRENDRE CETTE NOUVELLE TAXE 316 749. EST-CE POUR DES CONTENEURS SPÉCIFIQUES OU TOUS? QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE CELA ET LES PÉNALITÉS QUOTIDIENNES APRÈS 11 JOURS OFFSHORE?