A la faveur d’un entretien téléphonique intervenu dimanche 31 janvier entre le roi Mohammed VI du Maroc et le président Muhammadu Buhari du Nigeria, il a été question du projet du gazoduc Nigeria-Maroc et d’un projet d’engrais au Nigeria, en partenariat avec l’Office Chérifien des Phosphates.
Long de 7 500 km pour un coût estimé à 20 milliards de dollars , le projet du gazoduc avait été évoqué en 2016 lors de la visite du roi Mohammed VI au Nigeria et en 2018 lors de la visite du président Muhammadu Buhari au Maroc. Le pipeline a pour ambition de fournir l’Afrique de l’Ouest, le Maroc et les marchés européens. Le Bureau d’engineering anglais, Penspen, travaille sur les aspects techniques du projet.
Mais, il faut le dire, cet ouvrage qui traversera plusieurs pays de la CEDEAO est en concurrence avec la TSGP (Trans-Saharian Gas Pipeline), un programme des années 80 de gazoduc entre le Nigeria et l’Algérie. Réactivé un temps par le NEPAD (organisme qui collectionne les éléphants blancs), la transharienne a été réactivée par Alger en 2018 à la suite de l’annonce marocaine. Ainsi, en octobre 2018, une réunion présidée par les ministres des Affaires Etrangères des deux pays avait évoqué le projet, sans suite.
De son côté, la CEDEAO semble avoir fait son choix entre les deux projets rivaux. Ainsi, le 10 décembre 2020 à Ougadougou, en marge de la rencontre des acteurs du secteur énergétique de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), des directives fortes ont été émises pour la poursuite du projet du Gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP) en vue de la conclusion d’un Mémorandum d’entente (MoU) devant permettre d’aboutir à l’étude détaillée d’un projet unique de gazoduc en Afrique de l’Ouest. Selon les recommandations des acteurs de la CEDAO, les études à mener avec les promoteurs du NMGP devront inclure la phase 1 du projet d’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP) dont la préparation avait été entamée par la CEDEAO.
« De la présentation du projet WAGPEP faite par la Commission de la CEDEAO et celle du projet NMGP faite virtuellement par la Société Nationale Pétrolière du Nigeria (NNPC) et l’Office National des Hydrocarbures du Maroc (ONHYM), il ressort que les deux initiatives ont à peu près le même tracé et sont au même stade d’avancement. De plus, les conclusions des deux études ont montré que ces projets concourent à des objectifs similaires notamment la valorisation des ressources gazières de la région et l’approvisionnement des pays en énergie propre y compris les États membres de la CEDEAO », lit-on dans le communiqué. .
Ces derniers développements du projet du gazoduc Maroc-Nigéria sont à rapprocher des intérêts stratégiques des différentes parties prenantes et, notamment, de l’Union Européenne qui, via l’Espagne, reçoit depuis Alger quelque 20 milliards de mètres de cube de gaz par an. Le Nigeria produit en moyenne 38 milliards de mètres cube par an, soit 60% de la production algérienne. Ce projet intervient alors que d’importantes découvertes au large du Sénégal et de la Mauritanie vont entrer en production courant 2022.