L’ancien président américain, Donald Trump, est nominé pour le Prix Nobel de la Paix aux côtés, entre autres, du mouvement Black Live Matters, qu’il avait combattu durant son mandat (2016-2020). Homme clivant, partisan du vieux slogan, « la loi et l’ordre », le milliardaire qui a eu du mal à accepter sa défaite n’en reste pas moins l’un des rares présidents américains à ne pas engager une nouvelle guerre. Au Moyen-Orient, il a réussi à opérer un rapprochement historique entre Israël et le bloc sunnite emmené par l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte et le Maroc. S’il remporte le Nobel de la Paix, Donald Trump, nominé notamment par des parlementaires de l’extrême droite autrichienne, souffrira de l’avoir obtenu après un certain Barack Obama, lauréat de l’année 2009, quelques mois à peine après avoir franchi la Maison Blanche avec son « Yes we can », slogan aux allures d’un ouragan qui n’a finalement pas changé l’Amérique.
La grande démocratie souffre toujours des séquelles de la ségrégation et de la violence qui l’a engendré. D’où la légitimité de « Black Live Matters », un mouvement progressiste lancé en réaction aux fréquentes bavures policières contre les hommes de couleur. C’est clair, entre ce mouvement anti-racial revitalisé par l’effroyable meurtre de George Floyd et un président qui a eu une attitude ambigüe par rapport au racisme, le comité du Nobel aura du mal à faire ses choix. A moins de se jeter dans les bras de la moyenne mesure, du juste milieu et du consensus représenté dans la liste des nominés par des personnalités et institutions qui militent pour l’intérêt général.
C’est le cas par exemple de la militante suédoise Greta Thunberg, figure de proue la lutte pour la transition écologique ou encore ou l’Organisation mondiale de la santé (OMS), quoique critiquée pour un supposé alignement sur les positions de Pékin. Le dissident russe Alexei Navalny, actuellement dans les liens de la détention, figure parmi les potentiels récipendiaires. La française Zineb El Rhazoui fait elle aussi partie de la liste des nominés. Militante des droits de l’Homme, écrivaine et journaliste, la franco-marocaine est controversée à cause de positions parfois limites dans le débat franco-français. A noter que l’ancien haut conseiller à la Maison-Blanche, Jared Kushner, et son adjoint, Avi Berkowitz, sont aussi nominés. En tout, il y aurait 318 candidats retenus à la date limite du 31 janvier 2021. Le Comité du Nobel fera un premier tri pour retenir 199 profils sur lequel le futur lauréat sera désigné en octobre prochain.
Pour rappel, la candidature au Prix Nobel est ouverte à tous les chefs d’État et aux politiciens en poste au niveau national. Les professeurs d’université, les directeurs d’instituts de politique étrangère, les anciens récipiendaires d’un prix Nobel et les membres du Comité Nobel norvégien font également partie des personnes jugées qualifiées pour présenter une candidature pour le prix. Les nominations ne nécessitent aucune invitation et tant qu’elles sont inscrites avant le 1er février de l’année de qualification, elles seront acceptées. Par le passé, de hautes figures ont été lauréates de ce Nobel. Entre autres, Martin Luther King Jr, Nelson Mandela et Mère Teresa. A noter qu’un certain Adolf Hitler fut nominé en 1939 avant que son nom ne soit retiré dans un prix ouvert à toutes les opinions et qui n’est jamais à l’abri des polémiques.