Après plusieurs mois de silence, l’imam Mahmoud Dicko affirme avoir eu un «esprit tourmenté par le sort du Mali» et de ses concitoyens. Selon le guide religieux, «les sources d’inquiétude s’amoncellent, mon âme affectée finit par déchirer mon cœur», lit-on dans ce manifeste qui circule dans les réseaux sociaux Maliens.
«Je ressens une tristesse infinie à la lumière de l’Islam, religion de paix, de tolérance et expression d’une existence hors de modèles imposés par autrui. C’est baigné dans le riche héritage des traditions savamment préservées au cours des siècles, que j’ai pu grandir et m’élever face à ce que je considère depuis trop longtemps comme une immense injustice, qui a fini par laisser notre pays dans l’impasse», a laissé entendre l’imam Mahamoud Dicko. L’imam ajoute par la suite que c’est avec l’esprit de responsabilité qu’il considère la légitimité de la dynamique de réveil du Peuple malien à travers les différentes manifestations populaires passées au cours de l’année 2020.
L’ex autorité morale du M5-RFP nourrirait-il de l’amertume vis-à-vis de la junte au pouvoir ? Certains des passages de la missive semblent le suggérer: «c’est avec gravité que j’observe les risques d’échec du combat de ce noble peuple épris de paix et de justice pour une gouvernance vertueuse. Les gouvernants doivent vivre avec l’obsession de l’intérêt général de la lutte contre l’impunité et l’intolérance, en faveur de l’égalité face à la loi et dans l’accès des services publics», dit-il. Par ailleurs, dans son manifeste, l’Imam Mahamoud Dicko affirme qu’il s’est souvent trompé en soutenant des hommes qui, guidés par des intérêts égoïstes et matérialistes, n’ont pas su incarner le redressement du Mali tant souhaité.
Toutefois, l’imam martèle qu’il est sans agenda caché, ni ambition personnelle ou intérêt partisan, mais je suis inquiet de ce feu qui embrase nos villes et nos campagnes et qui pourrait, à terme, détruire «le Vivre ensemble» dans cette maison commune qu’est le Mali. Concernant la détérioration de la cohésion sociale entre les Maliens, l’Imam Dicko reste catégorique. Car selon lui, « La situation est périlleuse et j’ai conscience que convaincre nos concitoyens demeure aujourd’hui une exigence forte dans un Mali gangrené par la faiblesse de l’éducation, l’absence de perspective pour notre jeunesse, l’incivisme, la corruption endémique, les actes obscurantistes et les vendeurs d’illusions ».