Après des années d’expérience en financement corporate et structuré, en banque d’entreprise et en gestion d’actifs dans de prestigieuses institutions comme la Banque HSBC, NatWest Bank, Sumitomo Mitsui Bank, Banque de Montréal (BMO), Nesbitt Burns (la banque d’investissement filiale de la Banque de Montréal), la Société financière internationale (SFI), la United Bank of Africa, Sonnie Ayere a fondé Dunn Loren Merrifield en 2009. Sous sa houlette, Dunn Loren Merrifield a remporté le prix de la meilleure maison de créance en 2011 et de la meilleure banque d’investissement en 2012. M. Ayere est membre du comité de pilotage des obligations nigérianes, du comité de la SEC sur la structure et les réformes du marché, du comité de pilotage pour l’examen de la loi sur la forclusion et la titrisation du Nigéria, du comité de pilotage technique FSS2020 de la Banque centrale du Nigéria («CBN»). Il est titulaire d’une maîtrise en économie financière de l’Université de Dundee, en Écosse.
Sonnie Ayere a été désigné meilleur PDG de la décennie en 2020 et DLM Capital a remporté le prix de la « Banque d’investissement innovante de l’année 2020 » au Business Day Financial Institutions Award. Business Day est la publication d’actualités financières et commerciales la plus lue au Nigeria.
Dans cet entretien exclusif, nous revenons sur le contexte du marché financier nigérian et des marchés financiers africains. L’indice composite de la Bourse nigériane (NSE) a clôturé 2020 en croissance de 47,2%, sa plus forte progression depuis 2013, la meilleure performance des 93 indices boursiers suivis par Bloomberg. Cela valait bien un entretien.
En tant que professionnel de la finance, quelle est votre analyse de la performance du marché boursier nigérian et des marchés financiers africains en 2020?
Les marchés boursiers africains se sont comportés d’une manière reflétant les marchés frontières qui avaient perdu de la valeur significative au fil des années au profit d’une fuite à plus haut rendement vers les actifs de sécurité. Cela est dû en partie à la baisse de la valeur des produits de base en raison de la baisse de la demande mondiale, qui a entraîné un ralentissement de la croissance dans l’ensemble. La reprise de la vigueur du marché a suivi les retombées en Europe, en Asie et dans les Amériques lors du déclenchement de l’annonce de la pandémie Covid-19. Les marchés boursiers africains ont largement progressé en 2020; entraînés par la reprise de la croissance mondiale longtemps entravée par la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis avant la pandémie et le ralentissement de l’activité économique globale à égalité avec d’autres pays suite à la survenance du Covid-19. Les investisseurs qui cherchaient de la valeur ont trouvé les actifs financiers africains avec une décote significative par rapport aux marchés mondiaux. L’environnement mondial de faible rendement a poussé les investisseurs particuliers et institutionnels en actifs à revenu fixe vers des placements en actions au Nigeria, les taux d’intérêt de référence ayant chuté.
Comment expliquez-vous que les investisseurs étrangers restent prudents sur le marché financier nigérian?
Les marchés financiers du Nigeria ont connu au cours des deux dernières décennies une augmentation exponentielle de l’activité sur les compartiments actions et obligations. Cette activité accrue a sans aucun doute contribué aux pressions sur sa monnaie. La Banque centrale a opérédes allers-retours dans ses communications sur les contrôles des taux de change aux investisseurs étrangers et aux importateurs au Nigeria; et cela nuit généralement à d’importantes positions d’investissement au Nigeria ou pour les titres nigérians, car la préoccupation des investisseurs concerne la capacité de réaliser des bénéfices en tenant comptes du rapport de force entre l’offre et la demande.
La profondeur relativement faible du marché menace l’activité dans un contexte de faible réserve de devises étrangères des banques centrales africaines. A chaque cycle baissier des prix des matières premières, il est caractéristique de voir une diminution correspondante de la valeur de la monnaie pour la plupart des pays africains. Enfin, si le FMDQ OTC Currency Futures est un développement bienvenu pour les investissements étrangers, le fait qu’il soit libellé en Naira préoccupe toujours les investisseurs.
Les marchés financiers mondiaux regorgent de liquidités à des taux bas. Que devraient faire les économies africaines pour profiter de cette manne?
C’est important pour tous les acteurs, gouvernements et secteur privé, de participer à la promotion des opportunités d’investissement au sein de l’espace africain. Les industriels africains, les entrepreneurs et les gouvernements doivent accéder à long terme aux capitaux pour soutenir la croissance. Compte tenu du régime actuel de faible taux d’intérêt, qui est transitoire, présenter l’Afrique comme une destination d’investissement pour les investisseurs internationaux reste de la plus haute importance. Les acteurs doivent se focaliser sur les investissements directs étrangers bien structurés qui ont plus d’impact sur les pays que les investissements de portefeuille. Il en va de même pour les besoins à court, moyen et long terme d’un accès au marché des capitaux pour les entreprises existantes.
Quelle comparaison feriez-vous en bon financier de la politique de change du Nigeria de celle de la zone franc?
Les politiques liées à l’environnement des affaires au Nigeria diffèrent de celles de la zone du franc CFA en grande partie en raison de l’ indépendance de la Banque centrale du Nigeria qui n’est pas alignée sur l’influence extérieure. A l’opposé, il y a les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone où l’ indépendance ne fait pas partie intégrante de l’autorité monétaire. Ces pays bénéficient d’une inflation stable et d’une dépréciation monétaire nulle. On pourrait soutenir que là où avoir sa monnaie nationale est un symbole de fierté mais confronté à la douleur de la dévaluation et de la perte continue de valeur, le modèle francophone ou une variante de celui-ci pourrait être exploré pour une stabilité proche de 100%.
On parle beaucoup de monnaie unique de la CEDEAO et rarement de l’interconnexion des marchés financiers de la région. Quels sont les avantages d’un marché financier unique pour les 15 pays?
La région de la CEDEAO a longtemps promu une option de monnaie unique pour les marchés financiers de la région. Il est important que les Etats membres soient sur une voie d’intégration économique croissante entre eux. En matière de propriété et de transaction financière, il faut arriver à un modèle commun permettant de gérer les complexités des divers systèmes juridiques dans des accords sur différentes transactions à travers la région. L’interconnexion entre les marchés financiers et les économies nationales de la région est faible, il n’y a aucun doute sur l’importance croissante des échanges de marchandises entre les pays membres. Il est possible d’augmenter l’activité industrielle et les ventes de marchandises, qui sont actuellement en deçà de leur potentiel. Les efforts de mobilisation de capitaux pour faire évoluer l’entreprise sont facilités lorsqu’ils fonctionnent avec une monnaie unique. Nous prévoyons que cela ouvrirait les marchés à un accès beaucoup plus élevé; mais pas sans aborder les politiques qui faciliteraient les voyages et la conduite des affaires commerciales.
Que signifierait la ZLECAF (ACFTA) pour un acteur financier comme vous?
L’institution de la zone de libre-échange continentale africaine offre une ère de nouvelles opportunités pour les intermédiaires financiers à travers l’espace africain avec un accent particulier sur le financement du commerce pour augmenter les activités de transactions commerciales avec l’inclusion des PME à travers le continent. La libre circulation des personnes à travers le continent contribuera également à combler de manière significative le déficit de compétences à travers le continent.
DLM Capital Group a été créée en 2009. Quels sont les principaux services que vous proposez?
DLM Capital Group est une institution financière diversifiée de premier plan avec des activités couvrant les services bancaires aux consommateurs, les prêts aux entreprises, le conseil, le négoce de titres, les fiduciaires, les nominés et la gestion d’actifs. Nos clients proviennent des DFI’s du gouvernement fédéral du Nigéria, des gouvernements des États, des entreprises publiques et privées, des particuliers fortunés et, plus important encore, du Nigérian moyen.
Comment voyez-vous l’année 2021, au-delà de Covid-19 et de la guerre des vaccins?
L’année 2021 marque le début d’une réponse coordonnée à la pandémie qui a frappé l’économie mondiale. Nous voyons 2021 offrir une ère de nouvelle croissance à des industries en difficulté par le passé. Ce qui est clair, c’est que les entreprises évolueront, poussées par de nouveaux secteurs de croissance, la technologie et la rationalisation ou les sorties possibles d’entreprises ou d’industries entières. Nous souhaitons nous concentrer sur les domaines nécessitant un financement. Nous nous attendons à ce que l’environnement à faible rendement fournisse des opportunités de financement à court terme, la poursuite du développement des marchés de la dette à travers le Nigeria.