Le Cameroun envisage de retourner sur le marché international des titres pour lever des fonds en vue de financer son développement. La reprise vers la croissance envisagée dès cette année conjuguée à des meilleures conditions d’endettement sous l’effet du Covid-19 avec des intérêts minorés semblent offrir un bon timing pour le pays.
Le contexte économique difficile avec la détérioration des cours des matières sur le marché international appelle des solutions de financement efficaces pour faire face à une récession visiblement inscrite sur la durée. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), le risque de surendettement est assez élevé pour ce pays du fait notamment de la proximité des échéances de l’eurobond 2015 sur la période 2023-2025. Cet eurobond s’était soldé par un échec, puisque le trésor public n’avait finalement levé que 375 milliards de FCFA, (environ 693 millions de dollars) pour un besoin exprimé de 750 milliards, (1,3 milliards de dollars) avec un taux d’intérêt autour de 10%.
Parmi des options envisagées par le gouvernement camerounais pour la soutenabilité de l’endettement, figure en bonne place, le refinancement par l’émission d’un nouvel eurobond qui permettrait selon le ministère des Finances, de ramener le risque d’endettement à un niveau « modéré ». Cette option souligne-t-on est également privilégiée par le FMI par rapport aux autres possibilités envisagées, entre autres, le remboursement à partir des ressources propres sur la base des provisions et le refinancement par les émissions d’obligations domestiques.
Toutefois, la mise en œuvre de cette stratégie exige « une sortie cette année afin de bénéficier de meilleures conditions qu’offrent le marché du fait du Covid-19 (taux d’intérêt faible) qui limitent les opportunités de placement des détenteurs de capitaux », a précisé le gouvernement. Pour ce faire, une ordonnance sera indispensable, d’autant qu’une « sortie différée en 2022 pourrait être sujette à un coût élevé dans un contexte de reprise économique dans les pays développés ».
Selon de fiables informations, le refinancement de l’eurobond pourrait cependant être confronté au risque de refinancement des titres publics que sont les Bons de Trésor Assimilables (BTA) et des Obligations de Trésor Assimilables (OTA). en effet, les remboursements projetés pour l’exercice 2021 s’élèvent à 525,38 milliards, environ 971 millions de dollars, ce qui correspond au remboursement mensuel moyen de 51,73 milliards (94 milliards de dollars) incluant des titres publics et des provisions pour honorer les échéances d’obligations du Trésor de 2022. Un calendrier « conformément à la convention signée avec la Banque centrale pour assurer un service de dette soutenable et bénéficier d’une pondération nulle ».
Sauf que la situation semble complexe d’après la Caisse autonome d’amortissement (CAA), la structure publique en charge de la dette de l’Etat, d’autant que l’eurobond émis en 2015 représente un élément important de la dette commerciale du pays, soit 46,6% de cette dette et 6,7% de dette extérieure évaluée à 6 681 milliards de FCFA en 2020, soit un peu plus de 12,3 milliards de dollars. En outre, conformément au chronogramme arrêté, à partir de novembre 2023, le Cameroun devra effectuer un premier versement équivalant à 150 milliards de FCFA (277 millions de dollars) pour le remboursement de la dette principale. Entre temps, depuis l’émission de cet eurobond, le Cameroun s’acquitte annuellement d’une dette de 42 milliards (77 milliards de dollars) au titre des intérêts de ces obligations émises sur le marché européen.