Accusé de viol depuis le 3 février 2021, le président du parti Pastef, Les Patriotes, Ousmane Sonko, par ailleurs député à l’Assemblée nationale du Sénégal, est désormais plus que vulnérable. L’hémicycle a procédé vendredi 26 février à la levée de son immunité parlementaire, le mettant ainsi à la disposition de la justice.
Le redoutable adversaire politique du président Macky Sall devra répondre dans les jours qui viennent à «Dame justice». Le tribunal correctionnel de Dakar se chargera de confirmer ou d’infirmer les faits qui lui sont reprochés. L’élu du peuple a été accusé de viol par une jeune fille de 20 ans répondant au nom de Adji Raby Sarr, masseuse au salon Sweet Beauty Spa, sis à Dakar, au quartier Sacré Cœur 3. L’histoire fait la une des journaux sénégalais, divisés entre la thèse d’une affaire de mœurs, un viol selon l’accusation, et une machination politique selon Ousmane Sonko qui s’en prend nommément au président Macky Sall.
Coupable ou pas ? Certains observateurs pensent que le régime actuel a déroulé sa machine de «guerre politique» pour liquider un adversaire coriace alors que d’autres, s’en tenant à la religion des faits, évoquent une affaire privée opposant deux citoyens sénégalais et qu’il ne faudrait pas politiser.
Coup de gueule
À l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), considérée comme le fief de l’opposant, les étudiants sont divisés. Mais tel n’est pas le cas de Ramatoulaye Diallo, étudiante en Faculté des sciences économiques et de gestion de Dakar, estimant que l’assiste à une véritable théâtralisation de la scène politique sénégalaise. Dans un contexte de crise sanitaire de coronavirus ou l’économie est à genoux, « nos autorités devraient plutôt s’occuper des urgences. L’État ne doit pas se focaliser sur ces futilités qui n’ont aucun rendement pour le pays ».
Pour sa part, Mohamed Diallo, doctorant à la Faculté de droit, soutient que « l’affaire Sonko » est complexe. L’étudiant est d’avis que seule la justice peut éclairer l’opinion nationale et internationale sur ce dossier qui a déjà fini de faire le tour du monde.
« Rafle »
Face à la presse, jeudi 25 février, le leader du Pastef a clairement indiqué qu’il est prêt pour une confrontation et ne se laissera pas faire. «Cette affaire a été cousue de fil blanc par le président Macky Sall dont l’unique objectif est d’éliminer un adversaire politique », a laissé entendre le député très remonté contre le régime. Cette affirmation n’a pas laissé indifférent la classe politique et certains activistes, divisés entre les deux thèses.
Dans les réseaux sociaux, les activistes n’ont pas manqué d’énumérer des plans de rassemblement pour manifester contre cette forfaiture. Et du coup, la police a dû déjouer pas mal de tentatives de rassemblement en soutient au leader du Pastef. Ainsi, les forces de l’ordre ont procédé depuis le début de semaine à l’arrestation de plusieurs activistes pour la plupart des cadres du parti de l’opposant. Actuellement, la situation est très tendue entre les partisans de Sonko et les forces de l’ordre. Un viol avéré ou un complot politique ? En tout cas, en matière politique, il ne faut jamais traîner des casseroles. Affaire à suivre !