Liberté égalité publicité
Dans un moment où l’on est confronté à des réalités qui testent nos valeurs et nos convictions, y-a-t-il de la place pour les fleurs ou les revendications de droit ? Le 8 mars arrivé, l’on oscille entre héritage féministe, jeux de pouvoir, produits de marketing et folklore sociétal. Depuis 1977 quand, à la demande des pays du bloc de l’Est, l’ONU a proposé l’instauration d’une Journée internationale des femmes, on se met en mode célébration …mais cela a tendance de créer des controverses par rapport à l’objet même de la célébration.
Comment faire le raccourci symbolique entre la demande des socialistes allemandes ” en avant avec le droit de vote aux femmes”, écho du Berlin du 8 mars 1914, le cri «du pain et de la paix» des ouvrières russes du Petrograd le même jour en 1917 et les fleurs qu’on reçoit aujourd’hui, ou encore les séminaires de développement personnel, du genre « féminité et réveil de la déesse intérieure » qu’on nous propose à l’occasion ?
Pour certains, c’est un thème assez irritant, qui allume des impulsions militantes féministes ou juste une tendance évasive. La fièvre touche parfois jusqu’à la communication institutionnelle comme en France, en 2013 quand Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes à l’époque, dénonce dans son communiqué de presse du 8 mars, une «journée de «la» femme qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums) » et souhaitait «une journée de mobilisation […] pour rappeler que l’égalité femmes-hommes est une priorité.
Bref, en notre féministe, il traine le soupçon que les opérations commerciales organisés ce jour-là, les bouquets des fleurs et les entrées gratuites pourraient être des outils du patriarcat en action. Une note historique s’impose quand même : au temps de Lénine, les camarades à Moscou étaient couvert des fleurs, mimosas, et roses, afin de célébrer leur émancipation. Au-delà des dichotomies, en espérant qu’on peut recevoir des mimosas et nos droits, quelques réalités s’imposent pour avoir une situation globale plus équitable, entre humains ; et elles regardent les droits de la femme et leur apport au développement des sociétés.
Dans sa déclaration pour la Journée internationale des femmes 2021, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, note que des avancées sont à saluer comme l’arrivée des femmes aux plus hauts postes d’organisations telles que l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le FMI (Fonds monétaire international) et la BCE (Banque centrale européenne) …Pourtant, ce n’est pas la norme. En 2020, les femmes représentaient en moyenne (à l’échelle mondiale) 4,4 pour cent des chefs d’entreprise, 16,9 pour cent des membres des conseils d’administration, 25 pour cent des parlementaires nationaux et 13 pour cent des négociateurs de paix. Seuls 22 pays ont actuellement à leur tête une femme cheffe d’État ou de gouvernement, tandis que 119 n’ont jamais connu une telle configuration – ce qui a des conséquences importantes pour les aspirations des filles qui grandissent. Vu la tendance actuelle, il faudra attendre 2150 avant de parvenir à la parité entre les sexes au plus haut poste de l’État.
Cette année, le thème de la Journée internationale des femmes (le 8 mars), « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Une pluralité de voix, autant diverses et répandues pour inclure les leaders d’affaires, des contributeurs de Forbes magazine, et shamans des Andes et de l’Afrique, indiquent que c’est le moment de considérer une autre manière de s’auto gérer – au niveau personnel, communautaire, étatique, planétaire – qui respecte les droits des femmes, et – ben oui, voila ! – trouve une source d’inspiration et de renouvellement dans la femme et le leadership féminin !
Au-delà de tout exercice de style intellectualisant, on détecte une authentique disponibilité de revoir la manière d’être et d’agir. Des groupes de réflexion, presse internationale et forums spécialisés raisonnent sur le sujet. Forbes s’interrogeait le 19 avril 2020 : «pourquoi les femmes font-elles de si bons leaders pendant le COVID-19? » New York Times du 15 mai osait: «Pourquoi les nations dirigées par des femmes s’en sortent-elles mieux avecle Covide-19 ? » Stanford Medicine (Scope) du 12 mai 2020 constataient : «les femmes leaders brillent pendant la pandémie de COVIDE-19», Economical Times of India du 4 juin 2020 titrait: «Femmes leaders et influenceurs. Sur les compétences et les mentalités dans un monde post-Covid». Le post d’Euronews du 12 mai 2020 dégageait sa conclusion: «le coronavirus montre une fois de plus pourquoi le monde a besoin de femmes décideurs plus fortes» établissant des parallèles perspicaces à travers l’arène politique et le monde des affaires, faisant valoir que cinq caractéristiques fondamentales soulignent le fonctionnement des femmes leaders dans les deux domaines. Premièrement, la clarté; deuxièmement, la détermination ; troisièmement, faire preuve de compassion ; quatrième, une communication forte et sans ambiguïté ; et enfin, la capacité d’être en empathie et solidaires.
Quels fils conducteurs dans cette diversité ?
Au niveau macro : pour les environnementalistes, et pour ceux qui ont une vision intégrée de l’univers qu’on cohabite, la vision d’une Mère Terre qui est en rapport d’interdépendance avec ses habitants. L’idée c’est de revoir le modus operandi, le rythme et l’intensité de nos vies ; de comprendre qu’on est tous connectés et que, donc, le bienêtre est interdépendant.
Par la suite, au niveau communautaire et / ou étatique, on peut aller un pas plus loin, et questionner même la logique qui a soutenu la dynamo de notre civilisation pendant les dernières centaines d’années … Avec Darwin, on impose une vision du monde où le plus fort est gagnant, où les ressources sont finies,où on doit imposer nos forces et fonctionner en pleine compétitivité pour y parvenir …Mais si on changeait la logique des matrices, et on projetait une vision de l’abondance de connexions, de ressources renouvelables qui peuvent être utilisées d’une manière équitable ? A quel point notre perspective sera-t-elle transformée ? Aurions-nous une perspective et une action plus inclusives où le focus sur le relationnel, la communication et l’intégration deviendront plus importants ?
Dans un monde où le plus fort gagne, on doit (se) forcer, même quand on fait semblant. Les garçons ne pleurent pas, on nous l’apprend dés petit ! Et de temps en temps, on doit faire la guerre, ou bien au moins montrer les muscles, physiques ou intellectuels…Dans le long fleuve de l’histoire, les démarches belliqueuses se sont prouvées plutôt perdantes, y compris pour les gagnants. Est-il temps de changer la logique et au lieu de faire la guerre, construire un concept de bien être intégré, suffisamment fort et flexible afin d’intégrer les défis ?
L’attention à la connexion, aux relations d’interdépendance, est en quelque sorte, la proposition du leadership féminin. Ce concept, même si codé par rapport aux repères de féminité et masculinité, lesquels prennent des nuances spécifiques selon les cultures dans lesquelles ils se matérialisent, met en avant des idées qui peuvent être utiles, spécialement en temps de bouleversement et de crise : axées sur les relations, les intégrations en systèmes, flexibles et humaines, basées sur la communication, la sensibilité, l’intuition font de plus en plus d’adeptes, y compris chez certains de nos homologues masculins. Donc, vivement le 8 mars, comme tous les autres jours de mobilisation de l’année ! les droits équitables ! un leadership ou les femmes, comme les hommes, font partie prenante et inspirante, et pourquoi pas, les mimosas.
A Propos de Maria Nadolu
D’origine roumaine et citoyenne du monde, Maria Nadolu parcourt le vaste monde et consigne dans ses carnets des histoires sans clichés et sans fards qui sortent souvent de l’ordinaire et renvoient à cette humanité que nous avons en partage. Maria Nodolu travaille notamment dans la communication, l’événementiel et les projets économiques à caractère culturel. Elle fait partie des soutiens de première heure du projet Financial Afrik et, à ce titre, a participé à la promotion du support auprès d’un public qualifié au Maroc, en Europe et dans le monde en général. Africanophile naturelle, Maria Nadolu milite pour une nouvelle Afrique et un nouveau monde où le juste prix dans les échanges remplacerait l’aide et les dons.