Dans un récent courrier adressé au Groupe de travail sur la détention arbitraire du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, les avocats de l’homme d’affaires Samih Jammal dénoncent de mauvaises conditions et une détention arbitraire. Incarcéré depuis le 25 février 2020 dans le cadre du Procès des 100 jours, l’homme d’affaires libanais résidant au Congo a été transféré il y a quelques semaines vers un établissement hospitalier en raison de « la dégradation alarmante de son état de santé », lit-on dans la missive adressée le 2 février dernier à l’instance onusienne. Agé de 79 ans, l’entrepreneur qui gère plusieurs sociétés en RDC, notamment dans le domaine de l’immobilier et de la construction serait-il une victime collatérale des règlements de compte entre acteurs politiques ?
Pour rappel, dans le cadre des travaux des 100 jours, officiellement annoncés le 2 mars 2019 par le président Félix Tshisekedi, deux sociétés de Samih Jammal, à savoir Samibo et Husmal, avaient été mandatées pour la construction de 4 500 maisons préfabriquées dans cinq provinces du pays. Suite à une enquête judiciaire introduite par le gouvernement congolais, début 2020, visant des détournements présumés commis par Vital Kamerhe alors directeur de cabinet du président de la république, Samih Jammal a été convoqué le 24 février, auditionné pendant 18 heures puis incarcéré en dépit, avancent ses avocats, « de l’inanité des charges pesant sur lui, de son âge avancé, de ses garanties de représentation et de son état de santé ».
Victime de brimades lors de son transfert en prison, l’homme d’affaires, ancien consul du Liban de RDC alors ex-Zaïre, a vu sa détention confirmée le 28 février sans qu’il ne soit entendu par le juge. Son appel introduit le 2 mars a été rejeté. En dépit d’un avis du ministre de la Justice émis par correspondance, le 1er avril 2020, et demandant une liberté provisoire pour Samih Jammal, suivi d’une demande formulée par le conseil, les 6 et 7 avril, sur la proposition du versement d’une caution, de l’avis favorable du ministre de la Santé suite à sa visite de la prison le 27 avril, l’homme d’affaires libanais est toujours en détention. Hospitalisé entre le 29 avril et le 4 mai 2020, l’opérateur économique serait-il victime d’un acharnement ? Quelle conclusion tirer de l’assassinat, en mai 2020, du magistrat en charge du procès ?
Bref, les avocats du prévenu ont introduit de nouveau une demande de mise en liberté provisoire, le 2 octobre, devant la Cour d’appel de Kinshasa Gombe, se heurtant à un mur. Une nouvelle tentative de demande de liberté de provisoire présentée le 14 octobre auprès du premier président de la Cour de cassation restera à ce jour sans réponse. Hospitalisé, Samih Jammal voit sa santé se dégrader de jour en jour, en l’absence totale, martèlent ses avocats, d’une quelconque preuve de culpabilité.