Le pole anti- corruption du parquet de Nouakchott a décidé ce jeudi 11 mars de poursuivre l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz pour dissipation de biens publics mobiliers et immobiliers, perception d’avantages matériels indus auprès d’une institution publique, intervention dans des actes commerciaux incompatibles avec la qualité de fonctionnaire en recevant et en acceptant des intérêts de contrats et adjudications, octroi d’avantages indus dans des marchés publics, trafic d’influence, abus de fonctions, enrichissement illicite, recel de produit du crime, entrave à la justice, blanchiment d’argent….
D’autres personnalités sont également poursuivis pour les mêmes faits. Il s’agit des anciens premiers ministres Yahya Ould Hademine et Mohamed Salem Ould Bechir, de Mohamed Abdellahi Ould Oudaa, ancien ministre de Transport et ancien administrateur directeur général (ADG) de la Société nationale industrielle minière (SNIM), de Taleb Ould Abdi Vall, ancien ministre des Mines et ancien ADG de la SNIM, de Hacenna Ould Ely, ancien ADG de la SNIM et de Mauritanie Airlines, de Moctar Djay, ancien ministre des Finances et ancien ADG de la SNIM, de Mohamed Salem Ould Brahim Vall Mohamed Ould Dav, ancien président de l’Autorité de la zone franche de Nouadhibou, de Mohamed Ould M’sabou, beau fils de l’ex-président Aziz, de Mohamed Lemine Ould Boubatt, homme d’affaires proche de l’ex-président Aziz, de Mohamed Lemine Ould aloukay, et de Mouhyi din Mohamed Saleck Ould Bouh, homme d’affaires proche de Mohamed Ould Abdel.
L’enquête financière sur l’affaire dite de la décennie d’Aziz – président mauritanien de 2008 à 2019 – caractérisée par la corruption a permis de découvrir, de geler, et de saisir des biens mobiliers et immobiliers accumulés et provenant illégalement de plusieurs crimes commis au préjudice de la société. «Ces biens sont constitués de sociétés dans divers domaines, des usines, des immeubles et appartements, des parcs de véhicules, des montants en banques. Il s’agit là seulement de ce qui a été découvert en Mauritanie jusqu’à présent », affirme le parquet.
Les biens gelés en question sont évalués, sommairement, à plus de quarante et un milliards d’anciennes ouguiyas, soit 113 millions USD.
Mais, qui détenait les biens saisis ? Des biens immobiliers et mobiliers d’une valeur de «vingt neuf milliards (80,13 millions USD) revient à l’un des suspects»; des biens d’une valeur de « neuf milliards (24,86 millions USD) à un autre suspect qui est le beau-fils du premier », dit en substance le parquet en s’abstenant de nommer ouvertement l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz et son beau fils Mohamed Ould M’Sabou.
Ces biens seront transférés pour le compte de l’Office de gestion des biens gelés, saisis ou confisqués et le recouvrement des avoirs criminels, en vue d’en assurer la gestion prévue par la loi.
C’est dire que la Mauritanie s’achemine vers un procès historique, celle d’un homme qui se « serait » livré à toutes sortes de crimes économiques avec les siens durant son règne et qui, en dépit de son départ du pouvoir, se croyait encore intouchable.