Moody’s Investors Service («Moody’s») a placé les notes B2 à long terme du gouvernement éthiopien et les notes de premier rang non garanties en vue d’une révision à la baisse. « Notre décision de soumettre les notes de l’Éthiopie à un examen pour déclassement reflète la conclusion de Moody’s selon laquelle l’engagement du gouvernement, dans le cadre de son entrée dans le cadre commun du G20, de signer un protocole d’accord (MoU) qui l’oblige à s’engager avec les créanciers privés, augmente le risque: les créanciers subiront des pertes », explique l’agence américaine dans une note datée du 10 mars 2021. Pour rappel, le gouvernement fédéral éthiopien a adhéré à l’initiative G20 le 1er février dernier, poussant les bailleurs privés à s’interroger sur le traitement qui sera réservé à leurs créances.
Pour Moody’s, il est de plus en plus clair que, contrairement à l’approche adoptée l’année dernière au départ de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI), le principe d’un traitement comparable entre les prêteurs du secteur public et privé est désormais mis en avant. Bien que ce principe puisse ne pas être appliqué dans tous les cas, la décision de le faire appartiendra en fin de compte aux Etats. La période d’examen permettra à Moody’s d’évaluer si, dans ce cas, les risques d’implication du secteur privé dans l’allégement de la dette ont augmenté à un point qui n’est plus proportionnel au niveau de notation actuel.
La note de l’Ethiopie serait probablement abaissée si Moody’s concluait que la demande d’allégement de la dette dans le cadre commun de l’initiative du G-20 entraînerait vraisemblablement un défaut de paiement de la dette du secteur privé. Dans ce cas, la note passerait à un niveau compatible avec les pertes attendues pour les investisseurs. « Des pertes supérieures à 5% seraient cohérentes avec une cote de Caa1 ou moins », affirme Moody’s.
L’Ethiopie présente un PIB par habitant (base PPA, USD) de 2772 (estimation 2020), une croissance du PIB réel de 6,1% en 2020, un taux d’inflation de 16,1% un déficit budgétaire de -2,8%, une balance extérieure négative (-4%) et une dette extérieure estimée à 27% du PIB. Le pays des plateaux n’a pas enregistré de défaut depuis 1983.