Réputé plutôt modéré, le Le président algérien Abdelmadjid Tebboune n’en reste pas moins sur la ligne dure prônée par ses prédécesseurs dans le traitement de la délicate question de l’histoire partagée avec la France. Les Algériens «ne renonceront jamais» à leur mémoire, lance le successeur de Abdelaziz Bouteflika, lundi 1er mars au soir, dans un entretien avec les médias algériens. Le président algérien se montre d’emblée sceptique vis-à-vis du rapport de l’historien français Benjamin Stora concernant la réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie.
«Nous n’avons actuellement aucun problème avec la France», a assuré Abdelmadjid Tebboune qui a qualifié les relations bilatérales de «bonnes». Toutefois, «nous ne privilégierons pas de bonnes relations au détriment de l’histoire et de la mémoire, mais les problèmes se règlent avec intelligence et dans le calme, et non avec des slogans», a poursuivi le chef de l’Etat algérien. Abdelmadjid Tebboune a de nouveau fustigé «de puissants lobbies en France (…) qui perturbent ces relations», en faisant allusion aux anciens partisans de l’Algérie française.
«Nous ne renoncerons jamais à notre mémoire mais il ne faut pas en faire un fonds de commerce», a tempéré Abdelmadjid Tebboune visiblement désireux de jeter les bases de nouveaux rapports avec la France. Benjamin Stora, spécialiste reconnu de l’histoire contemporaine de l’Algérie, avait été chargé en juillet par le président Emmanuel Macron de «dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie». Diversement accueilli, le rapport Stora, remis à Emmanuel Macron le 20 janvier, a soulevé de vives critiques, aussi bien en Algérie qu’en France, notamment pour ne pas avoir préconisé des «excuses» de Paris pour les crimes de la période coloniale (1830-1962).