Réponse du berger à la bergère. La Russie a annoncé le 17 mars 2021 avoir rappelé son ambassadeur à Washington, Anatoli Antonov, pour consultation suite aux propos de Joe Biden, le président américain qualifiant le président russe, Vladimir Poutine, de « tueur » tout en promettant qu’il en paiera le « prix », lors d’une interview. Même s’il faut nuancer et préciser que Joe Biden répondait à une question du journaliste qui lui a demandé s’il pensait que Poutine était un tueur. Ce à quoi il a répondu par l’affirmatif, Moscou considère donc ces propos comme une « attaque » contre la Russie.
Vladimir Poutine ne s’est pas contenté de rappeler l’ambassadeur russe à Washington. Il a aussi répondu aux propos de Joe Biden de manière plutôt ironique : « comme il le dit, nous nous connaissons personnellement…que lui répondrais-je ?…je dirais : je vous souhaite bonne santé… ». Et comme pour en remettre une couche provocatrice, » je dis cela sans ironie, ni blague » ajoute t-il. » Vous savez que je me souviens de mon enfance, lorsque nous nous disputions dans la cour (récréation), nous disions : c’est celui qui le dit qui l’est, et ce n’est pas une coïncidence. Ce n’est pas seulement un dicton ou une blague pour enfants. Cela a une signification psychologique profonde. Nous voyons toujours nos propres faits chez les autres et pensons qu’ils ressemblent à ce que nous sommes vraiment. En conséquence, nous projetons nos actions sur les leurs » a, avec un sourire narquois, répondu le président russe.
Attention à l’ogre russe
Joe Biden s’engage ainsi sur la même voix que son prédécesseur démocrate Barack Obama, celle de la confrontation avec Moscou qui, au cours des dix dernières années, en dépit des sanctions économiques, a tourné à l’avantage des russes qui continuent à affirmer leur montée en puissance géopolitique. Dans le Donbass, en Ukraine, en Crimée, puis en Syrie où malgré la ligne rouge tracée par Obama, Poutine est passée à travers, en Libye, etc…. Cette volonté des Russes de s’affirmer, de laver l’affront du mépris américain sur ses capacités militaires, à tenir et continuer à étendre ses zones d’influences géopolitiques a atteint son point d’orgue lors de l’élection présidentielle américaine de novembre 2016 avec « l’affaire de l’ingérence russe ». Un épisode qui a sans doute marqué la démocratie de la première puissance mondiale et provoqué un électrochoc au sein de l’establishment politique américain, conséquences des mauvaises relations russo-americaines qui se sont traduites par une guerre asymétrique insaisissable menée par la Russie de Vladimir Poutine.
Comme le dit un proverbe basques, « là où l’on parle du loup, il se montre ». Beaucoup de spécialistes de la diplomatie internationale savent qu’il ne faut pas bousculer Poutine. Il faut le ménager. Il ne faut pas aller à l’affrontement avec lui, le sous-estimer, ni lui faire des affronts. Il faut savoir faire preuve de finesse avec lui. Entre la carotte et le bâton pour Poutine, le choix doit être vite fait. Avec la Russie, les sanctions écologiques et la diplomatie sont les meilleures options à envisager.
Comme Obama, à force de trop vouloir montrer que l’Amérique est une super-puissance, capable de « corriger » la Russie, ce qui semble totalement utopique à notre époque, ou de vouloir marquer de façon brutale la rupture avec Donald Trump sur les rapports américano-russes, Joe Biden prend le risque de la confrontation avec Moscou. Ce qui par expérience n’augure rien de bons pour la paix et la stabilité à travers le monde, car Poutine est un joueur d’échecs, capable de transformer une situation conflictuelle, inconfortable en victoire opportuniste et pour cela, il n’hésite(ra) pas à contre-attaquer.