Au Nigéria, les startups à succès n’en finissent plus d’épater l’écosystème tech mondial. Les levées de fonds se poursuivent à un rythme effréné. Et une autre devrait faire couler beaucoup d’encres. Curacel, co-fondé par Henry Mascot, s’attaque à un secteur prometteur : celui des assurances.
L’Intelligence Artificielle s’impose dans tous les secteurs ? Comment cette nouvelle technologie peut-elle proposer une valeur ajoutée supplémentaire ?
Henry Mascot : L’Intelligence Artificielle est notre cœur de métier. Et elle permet aux assureurs d’automatiser les réclamations de manière transparente et éviter les gaspillages, fraudes et autres abus auxquels sont confrontés nos partenaires en Afrique à qui nous avons permis d’économiser plus de 300 000 USD. Nous optimisons le traitement des réclamations d’assurance maladie grâce à l’Intelligence Artificielle. Notre solution permet de prévenir les fraudes et nous authentifions chaque élément constituant les dossiers pour éviter les erreurs et faciliter la qualité de la prise en charge. Auparavant, les démarches étaient longues et semées d’embûches. Mais cette solution est aussi à l’avantage des personnes assurées. En cas de dommage, les procédures sont davantage simplifiées et transparentes.
Dans quels cas cette innovation peut-elle vraiment faire la différence ?
Nous travaillons auprès des centres de santé pour leur simplifier les démarches. Ils peuvent en envoyer plusieurs centaines à transmettre aux assureurs par centre hospitalier quotidiennement. Conséquence, les démarches sont compliquées. Avec notre solution innovante, nous permettons le traitement d’un plus grand nombre de dossiers avec un véritable gain de coût pour l’assureur. Et cela évite le gaspillage de temps et d’argent. Nous sommes aussi spécialisés dans les couvertures de sinistres pour les voyages, les accidents de la route. Notre technologie est aussi adaptée pour ces deux segments.
Votre vie entrepreneuriale est assez riche. Pouvez-vous nous décrire l’ensemble des étapes de ce beau parcours ?
A la base, je suis ingénieur spécialisé dans la conception de logiciels. C’est mon premier business dans ce secteur, mais j’avais déjà lancé d’autres activités dans d’autres secteurs. J’ai réalisé beaucoup d’applications mobiles, un espace de coworking. Mes business ont été lancés au Ghana et Nigeria et ils fonctionnent très bien. Ces expériences entrepreneuriales m’ont été bénéfiques car j’ai pu tirer beaucoup de leçons notamment dans la gestion des ressources humaines.
La gestion des ressources humaines est un élément clé de la réussite. Quelle est la stratégie que vous avez mise en place pour parvenir à une méthode porteuse de croissance ?
C’est un véritable combat. J’essaie d’attirer les personnes dans ma vision. Et pour y parvenir, j’ai développé mon image personnel et celle de l’entreprise. Un nouveau membre de notre équipe est une valeur ajoutée qui doit être complémentaire des autres. Si vous êtes intelligent, mais que vous n’êtes pas compatible avec les autres, vous ne pourrez pas les emmener vers le haut. Chaque membre de notre équipe doit s’inspirer entre eux.
L’univers startup rime avec croissance surtout en période de levée de fonds. Quel est votre regard sur l’évolution de votre entreprise et de l’écosystème ?
Notre équipe est composée de 20 salariés. Curacel n’est pas qu’une solution adaptée au marché nigérian. Nous travaillons avec deux autres pays que sont le Ghana et l’Ouganda. Pour l’heure, nous opérons avec un angle de marché orienté vers le B2B. Notre technologie devrait faciliter le travail des assureurs pour une meilleure prise en charge.
Station F en France a réussi à attirer votre talent. Qu’attendiez-vous au sein de l’incubateur de l’entrepreneur français Xavier Niel ?
Les talents n’ont pas de frontières. Nous savons qu’il y a de bonnes synergies en France et particulièrement à Station F. Beaucoup d’investisseurs peuvent être potentiellement intéressés et c’est un pays qui peut servir de tremplin pour conquérir la francophonie. Et la France est un pays qui a une grande culture dans le secteur des assurances avec une vraie renommée mondiale.Et cela rejoint notre réponse à la question précédente. Nous souhaitons vraiment nous implanter dans d’autres pays dans le monde notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Moyen-Orient en Amérique latine.
La carrière de chaque entrepreneur est toujours un chemin de croix. Quel niveau souhaiteriez-vous atteindre d’ici la fin de la décennie ?
Notre vision est assez large car les besoins sont importants. D’ici les 10 prochaines années, j’espère constituer une équipe de 350 salariés et un chiffre d’affaires qui va avoisiner les 50 millions d’euros avec une présence dans plusieurs pays. Notre vision est grande et nous continuerons de travailler avec les assureurs pour leur plus grande satisfaction ainsi que celle de leurs clients. Nous nous imposerons dans ce secteur car notre technologie s’adapte à la réalité des pays émergents.