Depuis le lundi 22 mars, le gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, est contrarié par une grève de trois jours à l’appel du syndicat national des travailleurs de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique Centrale (Synatbeac). Selon nos informations, derrière ce mouvement d’humeur des travailleurs réclamant l’obtention effective de l’indemnité différentielle de résidence (IDR) et son paiement intégral, il y a les tirs croisés des gouvernements des Etats membres qui reprochent au gouverneur, protégé du président du Tchad, Idriss Deby, des méthodes expéditives. Les relations sont froides entre Abbas Mahamat Tolli et à la fois le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo.
Ainsi, la ministre de l’Economie et de la Relance du Gabon, Nicole Jeanine Roboty-Mbou, a instruit le gouverneur de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli, de recevoir les grévistes et de trouver une solution à leurs revendications qu’elle juge «légitimes». Des membres du conseil des ministres de la BEAC devraient, selon les informations en notre possession, débarquer dans les prochains jours à Yaoundé. Une mission délicate de sapeurs pompiers. En attendant, dans les officines des différentes capitales de la communauté, l’on nous indique que des manœuvres sont en cours pour apaiser la tension créée par le gouverneur de la BEAC entre les différentes capitales de la zone CEMAC.
Il sied de souligner que malgré les excuses qu’il est allé présenter à Oyo, la ville natale du président congolais, Dénis Sassou Nguesso, la semaine dernière, ce dernier ne décolère pas face au gouverneur tchadien. Le Congo a qualifié d’affront la suspension de deux de ses cadres. Ainsi, c’est dans ce contexte tendu que N’Djamena a dépêché en urgence un émissaire auprès de Paul Biya, président en exercice de la CEMAC, pour défendre la cause de Abbas Mahamat Tolli, crédité pourtant de bons résultats dans le rétablissement des fondamentaux de la BEAC.
De son côté, Malabo qui a une dent dure contre Abbas Tolli est favorable au départ du Tchadien pour des raisons non expliquées. Le Gabon serait lui aligné sur la position congolaise. Quant à la République Centrafricaine, elle se rangera certainement sur la position jusque-là en retraite de Yaoundé. Pour rappel, c’est la toute première fois que la BEAC est en grève.