La justice française doit se pencher dans les prochaines semaines sur le différend opposant Euronews, propriétaire d’Africanews, à Ylias Akbaraly. Acquéreur de la chaîne panafricaine au terme d’un contrat signé en août 2019, le patron des sociétés Sipromad et Phenixya s’est subitement ravisé, invoquant un accord caché dont il ignorait l’existence entre Euronews et la République du Congo, pays du siège du média lancé en 2016.
Pour justifier son revirement l’homme d’affaires franco-malgache avance un courrier que lui a adressé le ministre congolais de la communication et des médias, Thierry Moungalla, le 2 octobre 2019, dans lequel ce dernier affiche son « étonnement » quant aux négociations engagées. « Au regard des accords qui nous lient avec la société Euronews, celle-ci ne dispose pas de la faculté de céder la société Africanews sans notre accord préalable, en l’absence duquel tout accord pourrait être annulé », précise Thierry Moungalla. Cette missive est invoquée par Ylias Akbaraly pour justifier sa décision d’annuler la transaction et de réclamer le remboursement du million € versé à Euronews au titre d’une avance sur l’opération.
Les avocats d’Euronews dont Caroline Wasserman entendent confondre le ministre congolais dans ses déclarations en pointant ses contradictions. Le courrier adressé à Ylias Akbaraly prend, en effet, l’exact contrepied de propos que Thierry Moungalla a tenus à plusieurs reprises devant des journalistes.
Lors de l’un de ces entretiens, Thierry Moungalla manifeste le souhait de voir Africanews « poursuivre son aventure au Congo ». Il explique surtout que « le gouvernement congolais et Euronews auraient dû, depuis le début du partenariat, créer une joint-venture. Si celle-ci avait été créée (…) nous aurions eu le moyen de nous opposer juridiquement à cette vente ou, en tous cas, de l’accompagner, de participer aux négociations ». Et d’ajouter : « Cet échec de la vente n’est pas dû à un refus du Congo qui ne s’est jamais opposé à la vente. (…) C’est un échec de la discussion entre le candidat acquéreur et le propriétaire qui s’appelle Euronews ». Selon nos informations cet entretien a d’ores et déjà fait l’objet d’un constat d’huissier le 20 juillet 2020,
Alors qu’ils réclament l’exécution du contrat de vente signé en octobre 2019 pour 10 millions €, les conseils d’Euronews entendent par ailleurs présenter une sommation interpellative d’Omar Harfouch en date du 2 février 2020, lequel a joué les intermédiaires pour rapprocher Euronews et Ylias Akbaraly.
Dans ce document dont Financial Afrik a obtenu la copie l’homme d’affaires franco-libanais explique que les sociétés Sipromad et Phenixya avaient connaissance d’un contrat avec le Congo bien avant la réalisation de l’opération d’acquisition. « Monsieur Akbaraly en personne m’a montré la copie de ce contrat signé se trouvant sur l’ordinateur de son directeur de cabinet », explique l’intermédiaire qui évoque par ailleurs des contacts réguliers, bien avant le contrat de vente d’Africanews, entre Ylias Akbaraly et l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier, proche du président congolais Denis Sassou Nguesso.