En attendant la formation du gouvernement, Alassane Ouattara a confié les rênes de la Primature ivoirienne à Patrick Jérôme Achi, un technocrate dont la longévité ministérielle date d’octobre 2000.
La Côte d’Ivoire est, depuis le 24 mars 2021, dans l’attente de la nouvelle équipe qui va conduire l’action gouvernementale du troisième mandat du président Alassane Ouattara réélu fin octobre 2020. Mais d’ici là, le chef de l’exécutif ivoirien a nommé ce vendredi 26 mars, Patrick Jérôme Achi au poste de premier ministre. A charge pour ce dernier, selon son décret de nomination, de «proposer un nouveau gouvernement dans les meilleurs délais ».
Secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre depuis 2017, Patrick Achi jouit d’une longévité ministérielle de 21 ans. C’est en effet le 26 octobre 2000, soit l’élection de l’ex-président Laurent Gbagbo, que cet ‘‘Akyé’’ d’Adzopé (sud-est) né en 1955 à Paris fait sa première entrée dans un gouvernement ivoirien où il occupe jusqu’en 2010, le très stratégique poste de ministre des Infrastructures cumulé avec celui de porte-parolat du gouvernement.
En 2011, avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, alors allié de Henri Konan Bédié dont il était l’un des hommes-clés, Patrick Achi est reconduit au même poste. Surtout que ce fin technocrate titulaire d’un master en Management, en plus d’être l’un des artisans de la réalisation de plusieurs grosses œuvres, a également à son actif un background assez fourni en matière de réforme des finances publiques. En effet, en 1997, alors membre du cabinet de l’ex-premier ministre Seydou Diarra dont il était le conseiller technique, le nouvel occupant de la Primature est la cheville ouvrière de la réforme du secteur de l’Énergie. Puis, toujours aux côtés de Seydou Diarra, alors premier ministre, il se charge de la réforme de la filière café-cacao.
A la fin de l’alliance Ouattara- Bédié, Patrick Achi devient secrétaire général de PDCI-Renaissance, une dissidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) où l’on retrouve les ministres PDCI, qui, contre l’avis du président de leur formation, ont choisi d’adhérer au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) de l’actuel président. Il faut dire qu’en ce temps-là, Patrick Achi était très proche l’ex-vice-président Daniel Kablan Duncan qui était d’ailleurs le chef de file de la fronde contre l’ancien président Henry Konan Bédié.
En 2017 à la nomination d’Amadou Gon Coulibaly à la Primature, Patrick Achi hérite du très stratégique poste de secrétaire général de la Présidence. Lorsque Hamed Bakayoko devient premier ministre à sa suite en juillet 2020, c’est à Patrick Achi qui fait partie de l’équipe chargée de l’élaboration des stratégies de développement d’ici à 2030, qu’est confiée la gestion de la plupart des dossiers techniques de la primature.
Elu député en 2011 puis président du Conseil régional de la Mé (sud-est) en 2013, Patrick Achi, devenu un des hommes-clé du système de Ouattara, a été réélu lors des législatives du 6 mars 2021 cette fois sous la bannière du RHDP. Mais il aura surtout réussi à faire basculer cette région traditionnellement acquise au Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo dans l’escarcelle d’Alassane Ouattara.