Alors que la campagne de commercialisation de l’anacarde vient de s’ouvrir sur des perspectives de rendement prometteuses, le gouvernement multiplie les mesures pour limiter les effets du Covid et booster la transformation, conformément à son engagement pris en 2016.
Officiellement lancée le 11 mars à Kétou, dans le département du Plateau, la campagne de commercialisation de la noix de cajou a été marquée par deux nouvelles contrastées. Côté pile, de bonnes perspectives de rendement grâce à un climat favorable – une excellente nouvelle pour les quelque 200 000 familles qui vivent de cette filière. Côté face, un prix minimum garanti aux producteurs historiquement bas : pour cette campagne, le kilo s’échangera au prix plancher de 300 FCFA, contre 325 lors de la précédente. Une baisse qui s’explique essentiellement par l’impact du Covid sur la consommation mondiale de noix de cajou et le ralentissement des perspectives de croissance industrielle, autre conséquence d’une baisse de la demande.
Une conjoncture qui a également affecté les performances de la filière : 170 000 tonnes ont été produites lors de la campagne de commercialisation 2019-2020. Sur les 137 205 tonnes de noix de cajou brutes pesées au niveau des ponts bascules, 11 035 tonnes ont été transformées, soit un taux de transformation de 6,5%. « Ce faible taux est dû à la suspension de certains contrats en cette période de Covid-19 », a souligné la ministre de l’Industrie et du commerce, Shadiya Alimatou Assouman, lors de la cérémonie de lancement de la campagne 2020-2021, qui a été l’occasion de rappeler la volonté gouvernementale de promouvoir le secteur clé de l’agriculture, qui représente 25% du PIB et emploie 70 % de la population active.
Efforts en faveur du secteur
De fait, depuis 2016, une attention particulière est accordée à la filière de l’anacarde, dont le pays est le 8e producteur mondial et qui représente le 2e produit d’exportation après le coton. Le Président Talon avait annoncé dans le cadre du Plan d’action gouvernemental son intention de doubler sa production d’ici 2021 et de mettre l’accent sur la transformation, qui ne représente traditionnellement que 15 % de la production nationale. Le 11 février, la deuxième édition de Bénin Cashew Day a d’ailleurs été l’occasion pour le président de l’Interprofession de la filière anacarde (Ifa), Edouard Assogba, de féliciter le gouvernement pour ses efforts en faveur du secteur. La production d’anacarde est ainsi passée de de 91 608 tonnes en 2015 à 130 276 en 2019, grâce à d’importants investissements publics en faveur des filières agricoles et à une stratégie concentrant les moyens sur six filières prioritaires, dont l’anacarde, et créant sept pôles de développement agricole, chacun focalisé sur la culture à fort potentiel de sa zone et épaulé par une agence territoriale. La création de l’Association des pépiniéristes, la mise en place de brigades de prestation, la création de nouveaux vergers d’anacardiers et la mise en place du comité de veille stratégique figurent aussi à l’actif de cette dynamique. L’an dernier, le lancement d’un plan de renforcement de la compétitivité des filières (Pacofide) a par ailleurs prévu le renouvellement de 135 000 hectares de plantation d’anacardiers.
Sous l’effet conjugué de ces initiatives, la production a augmenté, mais elle reste inférieure de moitié à l’objectif fixé pour 2021. Pour tenir le cap des 300 000 tonnes, les agriculteurs ont été appelés à se constituer en associations ou coopérative pour une production record, mais ils réclament davantage de soutien, appelant notamment l’exécutif à structurer les filières et à mieux les protéger via des mesures fiscales.
Construction d’une zone économique spéciale
En plus d’exhorter les acteurs de la filière à plus de rigueur et de sérieux dans la mise en œuvre de ces différentes initiatives, le gouvernement a pris des dispositions spécifiques pour compenser les difficultés engendrées par la crise sanitaire et les exportations par voie terrestre, à commencer par l’interdiction de ces dernières et l’implication de la Police républicaine pour veiller au respect de cette mesure et des textes en vigueur.
Côté transformation, pour pallier le manque à gagner dû à l’export de matière première brute, l’exécutif mise notamment sur la construction de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé, en partenariat avec l’opérateur panafricain Arise Integrated Industrial Platforms (IIP). Avec la remise officielle du site de la ZES à Arise IIP le 5 février dernier, c’est un chantier d’envergure qui s’annonce à Abomey-Calavi, à 45km de la capitale Cotonou. Sur une surface de 1640 hectares, cette zone industrielle comprendra entre autres une quinzaine d’unités de transformation de noix de cajou. Le gouvernement investit par ailleurs dans un plan de mécanisation du secteur afin d’augmenter la productivité des exploitations. Mais, contrairement à la Côte d’Ivoire, il n’a pas encore franchi le pas des subventions à la transformation.