Le président Ismaïl Omar Guelleh, candidat à sa propre succession, a lancé sa campagne le 26 mars. Les élections présidentielles auront lieu à Djibouti le vendredi 9 avril prochain. Les enjeux dépassent cette corne de rhinocéros de 23 000 kilomètres carrés et de moins d’un million d’habitants, coincé entre l’Éthiopie, l’Érythrée et la Somalie. Le petit pays est à l’embouchure du détroit de Bab-el-Mandeb, voie de passage de 40% du pétrole mondial et avec les canaux de Suez et de Panama, l’un des trois endroits les plus névralgiques pour le commerce mondial.
Les dernières présidentielles tenues en 2016 avaient opposé l’actuel président, au pouvoir depuis 1999, qui se présentait pour un quatrième mandat consécutif, à cinq candidats. Il s’agit de Omar Elmi Khaireh et Mohamed Daoud Chehem de la coalition de l’opposition, l’Union pour le Salut National (USN), ainsi que Mohamed Moussa Ali, Djama Abdourahman Djama et Hassan Idriss Ahmed, candidats indépendants).
Cette fois-ci tous les précédents challengers du président sortant ont appelé au boycott du scrutin. Ainsi, le président Guelleh se retrouve face à Zakaria Ismael Jafar, candidat indépendant qui se présente comme un anti-systeme prônant le renouveau.
Le président sortant Ismaïl Omar Guelleh,
fort d’un bon bilan économique et diplomatique, met en avant son expérience et le gage de stabilité que représente le pays dans la région depuis son accession au pouvoir. La priorité est maintenant de concentrer l’action de la gouvernance sur le social, dans un contexte d’une population fragilisée par les effets de la pandémie de Covid-19.
Le chômage reste très élevé tandis que les fruits du taux de croissance élevé, 7 % en moyenne sur les cinq années précédant la pandémie du Covid-19, peinent à être redistribués vers les couches populaires. Plus de 70% de la population vit avec moins de 3 dollars par jour. Au classement 2018 de l’indicateur du développement humain de l’ONU, Djibouti est classé 209ème sur 228 pays. Le pays fait partie des pays les moins avancés en matière de développement.
Le Covid-19 a conduit le gouvernement à mettre en place un confinement de la population à partir du 7 mars 2020. Si la gestion de la crise sanitaire bénéficie d’un satisfecit de la part de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), très rare sur le continent africain, elle revêt par contre un coût social élevé.
Dans une compétition où l’opposition a signé forfait, appelant les Djiboutiens à observer le boycott pour des raisons liées à la non transparence du scrutin, le président Guelleh est en roue libre pour un.5 ème mandat.
Car, en face, il n’y aucun adversaire redoutable, ce qui n’est pas sans s’interroger sur l’état de la démocratie dans ce pays qui tire une importante manne de la location des bases militaires aux américains, français, chinois, japonais, allemands, espagnols et italiens. Une manne estimée à 170 millions de dollars par an, soit 10% du budget national financé aussi par les recettes portuaires.
S’exprimant sur le vote, un proche du président sortant estime que le véritable enjeu de ce scrutin reste et demeure le taux de participation. Quant à la question du boycott, ce dernier relativise en arguant que les opposants manquent d’offre politique. «Voilà pourquoi les principaux leaders de ladite opposition ont préféré prendre la clé des champs».
Du côté justement de l’opposition djiboutienne, les principaux leaders sont unanimes sur un point : l’élection présidentielle du 9 avril serait jouée d’avance. Pour le président de la coalition USN, Aden Mohamed Abdou, la Commission nationale électorale indépendante n’est pas compétente…
C’est une Céni constituée à majorité de membres du gouvernement et donc elle n’est pas indépendante, elle est à la solde du régime. Il n’y a pas d’élection honnête et transparente à Djibouti. » .
Des arguments rejetés d’un revers de la main par le parti au pouvoir qui argue que le peuple reste et demeure le seul arbitre qui garantit la transparence. Car c’est lui (le peuple) qui est le seul depositaire du pouvoir et non une instance quelconque.
Le 9 avril prochain ,les Djiboutiens départageront les deux candidats qui sollicitent leurs suffrages. Il restera toujours au président quasi-réélu à éponger une dette chinoise de 1,2 milliard de dollars, constituant 70% des engagements de l’île.