La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a publié ce mardi 30 mars, le rapport de l’enquête sur les évènements de Bounty du 3 janvier 2021. Un rapport sur lequel la France émet de « nombreuses réserves », réfutant toute bavure.
Suite aux allégations faisant état de la mort de plusieurs civils provouée par une frappe aérienne à proximité du village de Bounty (centre) le 3 janvier 2021, la MINUSMA, à travers sa Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP), a déployé une mission spéciale d’établissement des faits du 4 janvier au 20 février, avec l’appui de la Force et le soutien de la police scientifique des Nations Unies et de l’information publique, en vue de faire la lumière sur les informations et allégations reçues.
Selon le rapport de la Minusma publié mardi 30 mars, l’équipe de la mission a effectué ses travaux à Bamako, Mopti, Sévaré, Douentza et Bounty. Dans le cadre de cette enquête spéciale conduite conformément à la méthodologie du Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, l’équipe a observé des règles strictes de collecte d’information et de témoignages afin de s’assurer non seulement du respect des plus hauts standards en la matière, mais également de la crédibilité, la pertinence et fiabilité des éléments collectés.
« L’équipe a organisé des entretiens présentiels individuels avec au moins 115 personnes et au moins 200 personnes lors des réunions groupées et réalisé plus d’une centaine d’entretiens téléphoniques. Elle a également analysé au moins 150 publications, notamment des communiqués et déclarations officiels, des articles de presse, des déclarations et positions d’autres acteurs et des sources ouvertes ainsi que des photographies et vidéos concernant la frappe de Bounty », lit-on dans le rapport des Nations Unies au Mali.
Le 25 janvier 2021, avec l’appui et la couverture aérienne de la force de la MINUSMA, l’équipe s’est rendue à Bounty et visité le lieu de la frappe aérienne, l’endroit présumé d’enfouissement des dépouilles des personnes tuées par la frappe ainsi que le village. Au terme de l’enquête, la MINUSMA s’est dite en mesure de confirmer la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe, une centaine de civils parmi lesquels cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma. Au moins 22 personnes dont trois desdits membres présumés de la Katiba Serma, présents sur le lieu du rassemblement, ont été tuées par la frappe de la Force Barkhane survenue le 3 janvier 2021 à Bounty.
Sur les 22 personnes tuées, 19 l’ont été directement par la frappe tandis que trois ont succombé des suites de leurs blessures au cours de leur transfèrement pour des soins d’urgence. Au moins huit autres civils ont été blessés lors de la frappe. Les victimes sont tous des hommes âgés de 23 à 71 ans dont la majorité habitait le village de Bounty.
« Nombreuses réserves »
Et la réaction de la France ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, le ministère des Armées a réfuté toute bavure et fait part de ses « nombreuses réserves » sur cette enquête des Nations unies. Ajoutant qu’il maintient « avec constance et réaffirme avec force » que « le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel » près de Bounti. Le communiqué du ministère émet par ailleurs « de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue », et « ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises ».