Ce vendredi 2 avril, le Niger a réussi sa première alternance démocratique avec la passation de charges entre le président sortant Mahamadou Issoufou et le nouvel élu Bazoum, déclaré vainqueur au deuxième tour de l’élection présidentielle, le 21 février, par la Cour constitutionnelle avec 55,66% des voix contre 44,34% pour son adversaire, l’ancien président Mahamane Ousmane, candidat du Rdr Tchandji.
Attendu par de nombreux observateurs, ce vendredi 2 avril sonne comme un retour aux valeurs de démocratie pour un pays qui a connu quatre coups d’Etat, quatre intermèdes de transitions sans pour autant réussir à bâtir durablement un socle de stabilité jusqu’à l’avènement de Mahamadou Issoufou. Qui a dérogé à la règle en se retirant après deux mandats pour désigner son dauphin, Mohamed Bazoum, comme candidat du Pnds Tarayya.
Né en 1960 dans la région de Diffa – située à l’extrême Est du Niger –, Bazoum s’est imposé dans le cercle de Mahamadou Issouffou avant d’occuper le poste de ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Déjà trempé dans la cause panafricaniste à l’université au Sénégal où il étudie la philosophie, le nouveau président a fait montre de son engagement dans le syndicalisme. Ce qui va précipiter son entrée dans le monde politique où il se fera par la suite remarquer par Mahamadou Issoufou qui le choisit pour conduire le programme qu’il a entamé depuis 2010. D’où son programme Renaissance 3 (consolider les acquis et continuer la reconstruction).
L’équation Mahamane Ousmane, un casse-tête
Mais, la présidence de Bazoum risque d’être entachée par l’opposition réunie autour de Mahamane Ousmane, son challenger à la présidentielle, qui revendique toujours sa victoire avec un score de 50,30%, en rejetant la décision de la Cour Constitutionnelle. Le candidat du Rdr Tchandji multiplie les conférences pour se faire entendre, malgré l’arrestation de son allié Hama Amadou et de quelques militants proches du parti. Concernant l’annonce par le gouvernement nigérien de la tentative de coup d’Etat déjouée par la garde présidentielle, l’opposition soutient qu’il s’agit d’un prétexte visant à empêcher une marche qui devait avoir lieu le 31 mars, et procéder à des arrestations au sein des militaires et des civils. « Une prétendue tentative de coup d’État qui justifiera un dispositif de sécurité sans précédent pour couronner un président non élu », clame Samira Sabou, une journaliste consultante.
La crise sécuritaire constitue également un autre frein au développement du pays, en témoignent les attaques djihadistes qui ont enregistré plus de 200 morts depuis le mois de janviers 2021.