« Etre le leader en Côte d’Ivoire et dans la région ouest africaine à l’horizon 2025 »
Vous êtes expert-comptable et commissaire aux comptes et tête de pont de Deloitte en Côte d’Ivoire. Vous avez inauguré un nouveau siège à Cocody, quartier phare à Abidjan. Est-ce le signal d’un nouveau départ, l’expression de nouvelles ambitions ?
Notre déménagement à Cocody est clairement le point de départ d’un nouveau challenge pour Deloitte en Côte d’Ivoire et Deloitte en Afrique de l‘Ouest. Un challenge nouveau qui nous permettra d’être le leader indiscuté des services professionnels en Côte d’Ivoire et dans la région ouest africaine à l’horizon 2025. Deloitte Côte d’Ivoire a été fondé en 1992 suite à la fusion de cabinets locaux et internationaux présents en Côte d’Ivoire. Après près d’un demi-siècle de présence dans la commune du Plateau- le centre des affaires d’Abidjan-, le cabinet Deloitte s’est installé depuis le 1er février 2021 à Cocody, sur plus de 1 600 m2 à Ivoire Trade Center (ITC), un ensemble immobilier moderne conçu par PFO Immobilier à proximité du Sofitel Hôtel Ivoire. Ce changement d’adresse traduit l’engagement du Cabinet Deloitte à mettre à la disposition de ses collaborateurs présents à Abidjan, un cadre de travail moderne et innovant propice à leur épanouissement et à la prestation de services de haute qualité proposés aux secteurs publics et privés ivoiriens.
En s’engageant dans cet ambitieux projet de location et d’aménagement de nouveaux espaces de bureaux de plusieurs milliards de FCFA, pendant cette crise sanitaire mondiale, nous réitérons ainsi notre confiance en la résilience de l’économie ivoirienne et de celle de la région ouest-africaine, ainsi que notre volonté d’investir en Côte d’Ivoire et d’amplifier notre accompagnement des transformations stratégiques des acteurs publics et privés du pays et de la région. En Côte d’Ivoire, et à l’image de la résilience mondiale de notre marque, Deloitte est le cabinet le plus dynamique et le plus innovant du marché. Nous avons connu un développement fulgurant durant cette dernière décennie. En témoigne le fait que notre chiffre d’affaires ait triplé, entre 2011 et 2020. Deloitte Côte d’Ivoire a ainsi bousculé les acquis en affirmant sa volonté d’être le leader de sa profession.
Notre offre de services intégrés et complémentaires est l’une des plus diversifiée du marché. Elle s’appuie sur des équipes de plus de 170 professionnels et experts reconnus comme des talents et des références en audit et commissariat aux comptes, en conseil juridique et fiscal, en comptabilité, en conseil financier, en conseil en stratégies et opérations, en conseil en management des risques, en conseil en capital humain ou en technologies par nos clients et le marché. C’est d’ailleurs, dans cette continuité que nos nouveaux locaux intègrent également un espace de plus de 150 mètres carrés équipés des dernières technologies audio visuelles mettant l’intelligence collective au service de l’innovation, de la creativité et de l’accélération des projets. Elle permettra à nos clients, prospects et partenaires de développer notamment leurs plans stratégiques, leurs projets de digitalisation et leurs nouveaux produits ou services.
Au-delà de Côte d’Ivoire, quelle est le positionnement de Deloitte notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique francophone et quelles stratégies poursuit votre groupe ?
D’abord, il est bon de savoir que, depuis plus de 30 ans, Deloitte est présent dans la partie francophone du continent et dispose de 16 bureaux dans 13 pays avec une capacité d’intervention et de couverture de 19 pays.
Ce sont plus de 1 300 collaborateurs dont 48 associés qui y travaillent pour apporter des offres spécifiques aux clients avec un accompagnement de proximité et sur mesure, grâce à la maîtrise des enjeux locaux.
En Afrique de l’Ouest, Deloitte est co-leader du marché des services professionnels avec quatre bureaux (Sénégal, Togo, Benin et Côte d’Ivoire), qui couvrent toute l’Afrique de l’Ouest Francophone mais aussi certains pays anglophones. Sur la place, nous sommes le réseau d’audit et de conseils qui est le mieux implanté dans la zone. Notre stratégie de développement régional et africaine est claire et en ligne avec celle mise en place par nos clients et prospects. Notre ambition pour la région répond à une intégration encore plus forte de nos géographies et de nos talents, une premiumisation de notre portefeuille et le développement accru de nos offres de conseils en même temps qu’une spécialisation sectorielle plus affirmée.
En 2020, la pandémie a contraint les Etats africains à faire recours à des moyens de financement dans des contextes d’urgence. Quel a été l’apport de l’expertise comptable en général, celle de Deloitte en particulier, dans le soutien des Etats ?
Deloitte est un acteur important dans l’accompagnement des politiques publiques. C’est tout naturellement que Deloitte Côte d’Ivoire a été en première ligne, en partenariat avec la Société Financière Internationale (SFI) de la Banque Mondiale, pour accompagner à la mise en place de mécanismes publics de soutien au secteur privé face aux restrictions imposées pour riposte à la pandémie COVID19. Dans ce cadre, nous avons assisté les Gouvernements Ivoirien et Guinéen dans la définition et la mise en oeuvre de leur politique de soutien aux entreprises notamment les grandes entreprises mais également les acteurs du secteur informel.
Au titre des instruments financiers, Deloitte Côte d’Ivoire a accompagné le Gouvernement ivoirien à la mise en place du Fonds de soutien aux Grandes Entreprises (FSGE), doté d’une enveloppe de 100 milliards de francs CFA. Le FSGE a pour objectif d’apporter un appui financier aux Grandes Entreprises du secteur privé touchées par la pandémie COVID19. Les mécanismes proposés concernent des prêts à taux préférentiel et des garanties pour lever de la dette bancaire à des conditions préférentielles.
Concernant les acteurs du secteur informel, Deloitte Côte d’Ivoire a accompagné le Gouvernement ivoirien à la mise en place du Fonds de soutien aux Acteurs du Secteur Informel (FASI), doté d’une enveloppe initiale de 100 milliards de francs CFA. Il permet aux bénéficiaires d’avoir recours soit à des subventions directes et au refinancement avec l’octroi d’un prêt au taux préférentiel de 1,7% HAT accordés par le FASI via la BNI aux Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) partenaires. Ces SFD devront s’engager à utiliser les fonds reçus pour faire des prêts aux acteurs du secteur informel à un taux préférentiel maximum de 16% TTC.
En Guinée, nous avons, à la demande de la SFI, assister le Gouvernement et la Banque centrale de Guinée pour la mise en place d’un fonds de Garantie de soutien aux PME. La crise de COVID 19 a rappelé que le futur du travail pour l’entreprise africaine de demain impose une réflexion pour anticiper les tendances sociétales et technologiques qui auront un impact sur les activités des entreprises. Ainsi, développer la culture du changement et de l’innovation est une nécessité pour s’adapter et opérer cette transformation. Deloitte Côte d’Ivoire a donc a mis en place 19 conférences en ligne (webinaires) à destination des dirigeants d‘entreprise. Ces sessions d’échanges portant sur des thématiques fiscales, sociales, financières, organisationnelles et opérationnelles, ont eu pour objectif d’accompagner les dirigeants d’entreprises dans la préparation et la mise en œuvre des stratégies de riposte appropriées pour réduire l’impact du COVID19 sur leurs affaires et planifier la reprise d’activité après la crise.
D’une manière générale, comment jugeriez-vous l’évolution de l’expertise comptable en zone OHADA et plus globalement en Afrique. Assisterons-nous à des vagues de consolidation pour donner naissance à de grandes enseignes en Afrique ?
A mon sens, les métiers d’expertise comptable évoluent en Afrique suivant le même rythme qu’au niveau international. Et cela est la conséquence de l’interconnexion des différents marchés mais également des partenariats entre les régulateurs africains, des associations ordinales africaines et ceux du monde entier. La présence des grandes entreprises internationales et celle des grandes firmes mondiales de services professionnels comme Deloitte en Afrique accélère le processus de transformation des métiers d’expertise comptable. De plus, les Gouvernements africains, sous l’impulsion des bailleurs de fonds internationaux, poussent fortement les firmes locales d’audit et d’expertise comptable à se mettre à jour des dernières pratiques et normes internationales pour garantir la qualité de l’information financière des entreprises, base du calcul de l’impôt, principale source de revenus des Etats. Cette tendance forte implique des investissements importants des cabinets d’expertise comptable s’ils veulent continuer de servir de façon conforme leur clients et les marchés.
La pandémie de la COVID19 et les restrictions qui s’en sont suivis ont également accrus cette exigence de modernisation des acteurs du chiffre en Afrique ne serait-ce que pour continuer leurs activités.
A titre d’exemple, nous nous sommes donc dotés des outils (connexions internet, abonnements aux plateformes de conférence de ligne, mise à disposition de scanner et d‘imprimantes en plus des ordinateurs portables déjà disponible, etc.) pour faciliter le travail de nos collaborateurs depuis leurs domiciles et nous avons adapter nos méthodes et périodes de travail aux nouvelles exigences de l’environnement. L’élan de modernisation de nos usages professionnels va continuer et se développer. Et cela exige de disposer de ressources financières et matérielles importantes que les cabinets isolés ne pourront pas durablement supporter.
Il est urgent que les associations ordinales, ne serait-ce que pour la qualité des travaux effectués, prennent des dispositions dans le sens du renforcement des partenariats avec des cabinets d’expertise comptable. Ceux-ci ne peuvent plus être des ateliers d’artisans comptables, tous seuls, avec des collaborateurs permanemment stagiaires ou non déclarés, non formés et précarisés. Les regroupements de cabinets locaux ou la création de nouveaux cabinets avec plusieurs experts comptables est l’avenir de la profession en Afrique. Sans cela les firmes locales ne pourront pas avoir une place sur le marché, très compétitif, des services professionnels en Afrique. Nous ne pouvons donc qu’émettre le vœu que les regroupements de cabinets se développent et nous permettent d’avoir, au niveau panafricain, des champions de l’audit et du conseil.
Quelles sont les opportunités nouvelles offertes par la ZLECA ?
Entrée formellement en vigueur le 30 mai 2019, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) a pour objectif de réduire les barrières tarifaires et non-tarifaires au commerce, à encourager l’ouverture des marchés et la facilitation du commerce, et à harmoniser les règles de commerce à travers le continent africain. En outre, la ZLECA constitue la plus grande zone de libre-échange au monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), couvrant un marché potentiel de 1,2 milliard de consommateurs pour un produit intérieur brut (PIB) cumulé de plus de 2.500 milliards de dollars. La ZLECA vise clairement à promouvoir l’intégration économique africaine, tant au niveau régional que continental. En effet, elle permet aux acteurs de l’écosystème de diversifier leurs économies, d’accélérer leur transformation structurelle et par conséquent à générer des emplois en saisissant les opportunités offertes par la zone. Le ZLECA offre donc la possibilité aux pays d’entrevoir un développement économique et commercial régional plus efficace et plus inclusif.
C’est un outil supplémentaire qui vient s’ajouter à tous les différents instruments existants déjà pour renforcer le développement économique et la croissance du continent africain. Sa réussite reposera indéniablement sur des politiques d’industrialisation et des politiques commerciales régionales et continentales pour apporter du contenu aux échanges entre les pays membres de l’Union Africaine. Même si des réticences continuent d’exister au niveau de certains pays africains, la mise en œuvre de cette zone commerciale africaine est bénéfique pour l’économie en général, pour l’industrialisation du continent, pour la réduction de la pauvreté et pour la compétitivité des entreprises africaines. L’exode des jeunes pourra également être réduit si des opportunités nouvelles d’emplois naissent au sein du continent. Enfin, la part du continent dans le commerce mondial va s’accroître.