Le 11 avril 2021, les tchadiens se rendront aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. Face à six candidats, le président sortant brigue un 6e mandat part avec la faveur des pronostics, promet un « uppercut K.O » à ses adversaires.
Le processus électoral actuel selon toute vraisemblance pourrait ne pas enregistrer un second tour. S’il est vrai qu’à l’instar d’un match de football une élection n’est jamais gagnée d’avance, un ensemble de faisceaux laisse croire le président sortant, Idriss Déby Itno âgé de 69 ans dont 30 passés au pouvoir pourrait continuer de tenir le gouvernail du Tchad pour les six prochaines années.
Visiblement sûr de remporter la victoire par « K.O » grâce à un puissant « uppercut » pour reprendre sa propre terminologie, « le Maréchal du Tchad » qui a multiplié des meetings pour « parler directement » à ses compatriotes sait sans doute que les conditions dans lesquelles cette élection est organisée lui assurent sauf miracle, une éclatante victoire dès le premier tour.
Non seulement les principaux partis d’opposition ont opté de boycotter le scrutin dénonçant un processus électoral « vicié », doublé d’une « militarisation évidente du climat politique », mais l’actuel chef de l’Etat peut également compter sur une couverture nationale du parti présidentiel, le Mouvement patriotique du Salut (MPS) qui est une véritable machine électorale, sans oublier une longévité au pouvoir qui lui assure une avance sur le terrain face à des adversaires dont les faits d’arme politiques ne constituent pas véritablement une foudre de guerre.
L’enjeu de cette élection au regard des forces en présence, ne saurait être l’identité du vainqueur, mais davantage le taux de participation et les conditions générales d’organisation du scrutin. Pour le pouvoir, ce rendez-vous électoral est une occasion pour consolider la démocratie au Tchad dans une Afrique centrale en mal d’alternance politique et au moment où des organisations de défense des droits humains dénoncent déjà « l’iniquité » qui entoure cette élection.
Au-delà de la consolidation de la démocratie, les défis qui attendent le futur président de la République sont nombreux : le développement économique face à une conjoncture économique difficile marquée notamment par la chute des cours du pétrole qui constitue plus de 80% de revenus ; les préoccupations sécuritaires nationales et régionales au sein de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et du G-5 Sahel en vue de combattre les mouvements terroristes qui écument le continent.
Sur le plan sécuritaire, le Tchad est devenu une puissance militaire en Afrique, d’où sa participation à de nombreuses missions de maintien de la paix sous la bannière de l’ONU. Une présence remarquable au sein de la Force multinationale mixte (FMM) déployée par les pays de la région pour lutter contre la secte terroriste Boko Haram, mais aussi d’autres présences similaires dans le continent à l’instar de l’opération Barkhane dont l’objectif est de lutter contre les terroristes en Afrique de l’Ouest.
Qu’on le veuille ou pas, le Tchad doit son statut de « gendarme » du continent au président Idris Déby Itno. Après avoir neutralisé plusieurs mouvements rebelles nonobstant quelques escarmouches, le maréchal du Tchad a entrepris de consolider la sécurité nationale, avant d’étendre l’influence militaire de son pays hors des frontières nationales. Un atout dans ce contexte d’insécurité générale que ses adversaires ne sauraient prétendre et que le président sortant entend consolider.
Visiblement optimiste pour la suite du scrutin, le candidat du pouvoir a appelé des exilés politiques à rentrer au pays pour se mettre au service du développement. Dans la foulée, il a ordonné la libération des leaders et des militants politiques arrêtés dans le cadre de la campagne électorale, se projetant ainsi en rassembleur.
Des chantiers politiques, économiques, sécuritaires et sociaux dans lesquels le président de la République issu du scrutin du 11 avril 2021 devra immédiatement se consacrer et y apporter des réponses idoines pour espérer une émergence projetée dans une dizaine d’années.